Étudier les effets de deux dispositifs, carcéral et cinématographique, à Casabianda, une prison sans barreaux située en Corse, dans laquelle 80 % des détenus ont commis des faits de violence sexuelle intrafamiliale sur mineurs de moins de quinze ans.

Nous avons interviewé Guillaume Massart, auteur du film « La Liberté », qui a suivi pendant une année la trajectoire d’hommes condamnés pour des actes incestueux.

Le film conduit à une réflexion sur le cadre et ce qu’il imprime au discours. Un certain jeu de la pensée redevient ici possible pour les détenus du fait de la relative mise en sourdine de ce que la prison a traditionnellement de plus dévastateur.

La disparition du confinement et de la violence brute permet de mieux appréhender le poids des déterminants individuels dans la possibilité ou non de subjectiver le réel dont ces trajectoires accusent le coup. Le holding proposé par le dispositif documentaire autorise certains détenus de se saisir de cette occasion inattendue pour qu’une parole surgisse, parole libératrice de conflits internes, empreinte d’associations libres permises par le dispositif intimiste de l’« homme caméra ».

Les dispositifs, cinématographique et carcéral, semblent offrir une médiation entre l’espace géographique qui entoure les détenus et leur espace psychique pour que l’impensable de l’inceste puisse donner lieu à une transformation, avec des retombées potentielles sur le traitement psychique de la violence de ces auteurs.

To study the effects of penal and cinematographic contexts at Casabianda, a prison without bars located in Corsica, in which 80% of inmates have committed acts of sexual violence upon family members younger than fifteen years old.

We interviewed Guillaume Massart, director of the film La Liberté, who followed the trajectory of men convicted of incestuous acts for one year.

The film leads to an exploration of the environment and how it impacts speech. Here, a certain freedom of expression becomes possible for the prisoners through the disruption of the relative muteness brought on by the devastating effect of prison life.

Once the typical prison experiences of confinement and brutal violence are removed, it becomes possible to better understand the weight of individual factors on the possibility, or the impossibility, for the inmates to subjectivize their trajectories. The manner of investigation carried out by this documentary approach allows some prisoners to seize this unexpected opportunity for expression, using language that reveals internal conflicts, taking advantage of the free association allowed by the intimate relationship that develops with the filmmaker.

The cinematographic and penal contexts seem to enact a reconciliation between geographic space that surrounds the prisoners and their psychic space, so that even the unthinkable of incest does not foreclose the possibility of transformation, with potential outcomes for the psychic treatment of the violence of these criminals.