Les paramètres nutritionnels sont des prédicteurs majeurs de mortalité dans les 2 ans qui suivent une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques - 11/05/20
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La valeur pronostique des paramètres nutritionnels après une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (allo-CSH) est méconnue. L’objectif était d’étudier l’impact des paramètres nutritionnels sur la survie actuarielle à 2 ans de patients adultes allogreffés et de déterminer lesquels de ses facteurs avaient la meilleure valeur pronostique.
Matériel et méthodes |
Cette étude rétrospective, monocentrique, concernaient les patients allogreffés entre le 1er janvier 2013 et le 30 juin 2016. Avant la greffe, tous les patients recevaient une information concernant le bénéfice d’initier une nutrition entérale (NE) cyclique nocturne le lendemain de celle-ci. La perte de poids (PdP) exprimée en pourcentage du poids habituel, l’IMC, la circonférence brachiale, le force de préhension évaluée par grip test (GT) et l’albuminémie dosée par néphélométrie ont été recueillies, lorsqu’elles étaient réalisées, à J-7 (jour d’admission), J1 et J100 après l’allo-CSH. Les paramètres non nutritionnels liés aux patients, à l’allogreffe et à ses complications dans les 100 premiers jours ont également été collectés. Une analyse de survie univariée (log rank), puis multivariée (modèle de Cox) ajustée sur les paramètres non-nutritionnels ont été utilisées pour déterminer les facteurs associés à la mortalité à 2 ans.
Résultats et analyse statistique |
Parmi les 276 patients inclus âgés de 48,8±15,0 ans, 53 % étaient allogreffés pour leucèmie aiguë, 17 % pour syndrome myélodysplasique, 12 % pour lymphome et 18 % pour un autre type d’hémopathie. A J1, 92 % d’entre eux ont bénéficié d’une NE d’une durée de 18±11 j, en complément de leur alimentation orale. La PdP s’aggravait entre J1 et J100 (3,9±8,2 % et 9,4±10,2 %, p<0,0001). La prévalence de dénutrition selon les critères du Global Leadership Initiative on Malnutrition (GLIM) doublait entre J-7 (32 %) et J100 (68 %). En analyse univariée, l’IMC<18,5kg/m2, la PdP>5 %, l’albuminémie≤35g/L et le GLIM à J-7; la PdP>5 %, la CB≤27cm, l’albuminémie et le GLIM à J1; l’IMC<18,5kg/m2, le GT≤25kg et le GLIM à J100 était associés à une survie à 2 ans plus courte. Parmi les paramètres non nutritionnels, la positivité du donneur au cytomegalovirus, une greffe de cellules souches périphériques ou de sang de cordon, un conditionnement non myéloablatif, une infection documentée en post-greffe et une réaction aiguë du greffon contre l’hôte de grade III-IV étaient également significatifs. En analyse multivariée, les meilleurs facteurs prédictifs de mortalité à 2 ans étaient la PdP>5 % à J-7 (HR=1,79, IC 95 % [1,19–2,67], p=0,005), l’albuminémie ≤35g/L à J1 (HR=2,10, IC 95 % [1,31–3,36], p=0,002) et le GT≤25kg à J100 (HR=2,86, IC 95 % [1,48–5,50], p=0,002). Ces facteurs surpassaient les paramètres non nutritionnels à chacun des 3 temps d’études réalisés.
Conclusion |
L’utilisation de ces facteurs nutritionnels facilite l’identification des allogreffés à risque de mortalité. Malgré la NE précoce, la dénutrition s’aggrave dans les deux mois suivant la sortie et s’accompagne d’une sarcopénie hautement prédictive de mortalité. Ses résultats suggèrent l’intérêt, chez les patients amaigris, d’une prise en charge pré-greffe associant soutien nutritionnel et activité physique adaptée.
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Vol 34 - N° 1
P. 59 - avril 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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