La chirurgie bariatrique est la méthode la plus efficace pour traiter l’obésité morbide. Elle peut entraînes des carences vitaminiques nécessitant une supplémentation à vie. L’étude avait pour but de recueillir le point de vue des patients sur leur ressenti global post-bypass gastrique (BG), concernant l’évolution de leurs comorbidités, leur alimentation et son lien avec le Dumping-Syndrome (DS), la supplémentation, leur rapport avec le pharmacien d’officine.

Un questionnaire anonyme réalisé avec une patiente experte était rempli entre février et mai 2019 par les patients adultes volontaires opérés d’un bypass gastrique (BP) par un même chirurgien. Il portait sur l’évolution de leurs pathologies avant/après opération, leurs modalités d’alimentation, l’éventualité d’un DS, la pratique du sport après l’opération, la perception de carences, la supplémentation, leur rapport au pharmacien. Les tests du Chi², de Fisher et de Wilcoxon étaient utilisés pour l’analyse statistique.

La population était de 272 femmes, d’IMC=28,7±0,32, âgées en majorité de 45 à 54 ans. Un total de 25,5 % des patientes avaient été opérées 2 à 4 ans avant l’enquête, 34,3 % 5 à 9 ans avant et 18,1 % depuis plus de 9 ans. Le nombre moyen de comorbidités diminuait après opération (2,2±0,1 versus 1,8±0,1, p<0,0001). 78,6 % des patientes étaient satisfaites ou très satisfaites des résultats du BP. Un total de 65,7 % des patientes étaient satisfaites de leurs possibilités d’alimentation en postopératoire, mais seulement 37 % respectaient les repères PNNS et 78,0 % faisaient des DS souvent ou très souvent. Aucun des facteurs étudiés n’était associé à la présence d’un DS. 87,0 % déclaraient pratiquer une activité physique, cependant souvent occasionnelle. 85,0 % des patientes avaient un bilan biologique au moins une fois/an, de coût jugé trop important dans 78,0 % des cas. 89,7 % avaient eu connaissance d’au moins une carence, les plus communes en vit D (58,1 %), fer (46,7 %), vit B12 (25,0 %), magnésium (23,9 %), vit C (19,1 %). 90,0 % des patientes prenaient une supplémentation, qui d’après elles ne pesait pas sur leur budget dans 68,0 % des cas, mais 89,0 % des patientes souhaitaient un remboursement. Un total de 45,0 % des patientes oubliaient parfois la supplémentation, et 27,6 % >2 fois par semaine. Elles avaient confiance en leur pharmacien dans 93,0 % des cas et étaient intéressées par un suivi et des conseils adaptés à la période post BP dans 50,3 et 50,8 % des cas respectivement.

Les patientes avaient conscience qu’elles avaient moins de comorbidités à la suite du BP, et leur taux de satisfaction global était très bon. Les DS étaient fréquents, suggérant qu’un accompagnement diététique complémentaire était souhaitable. Les patientes avaient conscience de la fréquence des carences et prenaient le plus souvent une supplémentation. La question de la prise en charge des supplémentations restait importante, au vu du développement en France de la chirurgie bariatrique. Le pharmacien d’officine pourrait jouer un rôle majeur à dans le suivi à domicile en post BP. Les principales limites de l’étude étaient la représentation exclusive des femmes et le caractère déclaratif des réponses.