Les tentatives de suicide grave (avec pronostic vital en jeu), scandent un avant et un après dans la vie psychique des adolescents et jeunes adultes. Seul le déni peut donner l’illusion qu’après sera comme avant, que tout a été réparé et que la vie peut reprendre sans risque son cours d’avant.

Dans l’immédiat après coup, le corps est au-devant de la scène. Les rythmes de la médecine, centrée sur le corps, pourraient donner l’illusion d’une chronologie où les enjeux des soins s’ordonneraient les uns après les autres : d’abord ceux du corps, puis de l’esprit, puis ceux du retour à la vie quotidienne. Les temps passés en réanimation, médecine et chirurgie puis en Soins de Suite sont là pour le montrer.

Cependant, la réalité est tout autre. Les enjeux ne se succèdent pas si clairement, ils se chevauchent. Le temps des Soins de Suite l’illustre parfaitement. Il est celui de la confrontation aux plaies du corps dont certaines perdureront, à la peur rétrospective d’un traumatisme auto-infligé (celui de la TS), aux souvenirs des souffrances d’avant qui auront marqué la vie relationnelle et affective, et inévitablement la vie sociale et scolaire.

L’objectif de cette communication sera d’apporter des pistes de réflexions pour illustrer le double risque d’une telle chronologie des temps de soins : d’une part celui de donner place au déni, et d’autre part celui de se priver de la synergie qu’offre l’articulation possible, transdisciplinaire, des objectifs de soins.

A partir d’exemples cliniques issus du service transdisciplinaire (psychiatrie et médecine physique et réadaptation) nous tenterons d’illustrer comment, dans la prise en charge de jeunes suicidant, les soins de rééducation, de psychiatrie et le retour à la scolarité, peuvent s’articuler dans un chevauchement progressif source de synergie d’effets.