Autopsie psychologique des suicides en Sarthe : une étude pilote en population générale analysant les parcours de soin en santé mentale – articuler temporalité de la crise et permanence du lien - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30277-6 
F. Peter *
* EPSM Sarthe, rue du 19 mars 1962, 72700 Allonnes 

Résumé

Contexte – Le taux de mortalité par suicide dans le département français de la Sarthe est largement supérieur à la moyenne nationale. Cette surmortalité est ancienne, stable, mais mal connue. Objectifs – Caractériser la population des individus suicidés aux plans sociodémographiques et cliniques. Isoler et estimer l’importance des facteurs de risque de suicide ; identifier les facteurs précipitants. Décrire les parcours de soins en santé primaire et mentale des individus décédés et, le cas échéant, en identifier les failles (type de traitement, modalités de suivi, surveillance du risque, etc.).

Méthode – Nous utilisons la méthode d’autopsie psychologique. Tous les décès sont traités. Pour chacun d’eux, nous identifions, quand cela est possible, au moins deux proches, nommés informants. Ils sont interrogés par des professionnels de la santé mentale, entre 3 et 6 mois après le suicide. Les entretiens durent en moyenne 3 heures. Au recueil des données qualitatives, nous ajoutons la passation de 4 échelles de mesure : la MINI (psychopathologie), l’UPPS (impulsivité), SSQ-6 (soutien social), EPICES (précarité socioéconomique) et un inventaire d’évènements de vie. Le dossier soin, quand il est disponible, est analysé (en accord avec les proches). Le parcours de soin en santé mentale sur la vie entière est ainsi décrit. Un focus sur la dernière année de vie permet d’isoler d’éventuelles insuffisances dans le processus de soin.

Résultats/discussion – Entre septembre 2015 et août 2016, nous avons recensé146 suicides en Sarthe. 47 ont pu être analysés par les experts (soit un tiers). L’échantillon est plus âgé qu’au niveau national, majoritairement composé d’ouvriers/employés, avec un niveau d’étude inférieur au baccalauréat. Un tiers des individus a vu son médecin traitant la dernière semaine de vie. Les deux-tiers ont eu un contact avec la santé mentale sur la vie entière ; la moitié lors de la dernière année de vie. Au moment du décès 87.2 % présentent un trouble mental (deux tiers souffrent de dépression, 27.7 % d’abus/dépendance à l’alcool). Un quart a été placé/abandonnés durant l’enfance, 70 % a été victime de carences affectives précoces. Les trois-quarts des actifs disent souffrir d’une détresse psychique majeure et durable au travail. Les experts estiment que la maladie mentale est le déterminant le plus important du suicide, suivi par les carences précoces et les relations interpersonnelles défaillantes. Cependant, chez les ouvriers/employés, la souffrance professionnelle est un facteur de risque majeur. Des différences majeures émergent entre individus soignés en psychiatrie et ceux qui échappent totalement aux soins. Deux résultats retiennent notre attention : la majorité des personnes souffrant d’abus/dépendance à l’alcool ne sont pas suivies ; les personnes abandonnées durant l’enfance échappent totalement aux soins, tout en présentant un profil clinique singulier, difficile à identifier.

L’expertise souligne le besoin d’une double approche thérapeutique, de type antidépresseurs et psychothérapie, réaffirmant la centralité de l’ambulatoire classique (CMP), tout en actant les bénéfices de l’ambulatoire de crise (équipes mobiles). L’amélioration des soins doit porter sur l’évaluation du potentiel suicidaire, avec une augmentation de la fréquence des consultations, une meilleure coordination avec les familles et une détection plus fine de la détresse psychique

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Suicide, Déterminants, Santé mentale, Autopsie psychologique



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