Les nombreuses études sur l’étiologie des troubles mentaux ont révélé qu’une combinaison de facteurs génétiques et environnementaux est responsable de ces troubles. Les recherches les plus récentes ont ainsi mis en lumière des facteurs épigénétiques dans les mécanismes conduisant à l’expression de ces troubles mais aussi à leur transmission aux générations suivantes. Ces recherches soulèvent à la fois beaucoup d’espoirs et d’interrogations. Ce symposium réunissant trois spécialistes de la question chez l’homme et l’animal tentera d’y répondre.

Le Pr. Rutten présentera ses travaux et d’autres données récentes illustrant une possible contribution transgénérationnelle aux troubles psychiques chez l’homme. Il précisera comment cette hypothèse a émergé dans la continuité des recherches sur les facteurs génétiques et environnementaux des troubles psychiques chez l’homme et dans la suite des premiers travaux montrant le rôle de facteurs transgénérationnels chez l’animal. Pour autant, si ces recherches peuvent paraître prometteuses, leur méthodologie reste complexe et expose ainsi à de nombreux pièges. L’auteur s’arrêtera plus particulièrement sur ces points.

Le Pr. Mansuy poursuivra en décrivant les principaux facteurs épigénétiques dans le cerveau et montrera comment ils contribuent aux comportements et aux fonctions cognitives chez l’adulte. L’accent sera mis sur les mécanismes épigénétiques liés aux traumatismes précoces et sur leur étude chez un modèle de souris de laboratoire. Les dernières recherches sur ces mécanismes et leur induction chez des individus directement exposés et leurs descendants seront décrites. Les données actuelles impliquant les cellules germinales dans la transmission transgénérationelle épigénétique, et la possibilité de corriger des altérations épigénétiques induites par les traumatismes seront également présentées.

Le Pr. Berna conclura par un regard critique porté sur les courants de psychothérapies qui ont tenté de théoriser les modalités par lesquelles des éléments de la vie psychique se transmettent à travers les générations (par ex, théorie analytique des cryptes et des fantômes familiaux, théorie systémique des loyautés invisibles). L’exposé se penchera plus particulièrement sur trois questions que soulèvent ces théories : s’articule-t-elle ou non avec les données actuelles de l’épigénétique? Quelles dérives d’interprétation ces théories peuvent-elles contenir? Existe-t-il des données empiriques qui valident leur démarche?