Bien que déjà définie à Athènes au 5^ème siècle avant J.-C., le concept de citoyenneté sera redéfini au siècle des Lumières par J.J. Rousseau et E. Kant en même temps que le contrat social. La citoyenneté qui correspond à l’acceptation d’une loi valable pour tous les hommes, car répondant à la volonté générale d’une société souveraine, ne peut être fondée que sur les deux principes de liberté et d’égalité. Mais cela présuppose l’autonomie d’un sujet apte à se servir de son propre entendement pour accepter cette loi à vocation universelle. La théorie de la Justice de Rawl a actualisé la notion de contrat social, sans remettre en question, néanmoins, le fait que seul l’individu censé être rationnel peut avoir accès à cette dignité.

Depuis, le concept de vulnérabilité, qui signifie potentialité à être blessé, s’est imposé comme référence d’une nouvelle éthique. La vulnérabilité est considérée comme un trait général de la condition humaine, ce qui permet d’en déduire une obligation de solidarité au nom du bien-être de tous les individus.

Les travaux d’Amartya Sen sur les capabilités complétés par ceux de M. C. Nussbaum, mais aussi les avancées qu’offre la politique du care, permettent de concilier l’autonomie qui permet d’accéder à la citoyenneté et ce que l’on peut considérer comme une éthique de la vulnérabilité. Parce que nous sommes tous interdépendants, l’invariant anthropologique de notre vulnérabilité nous permet de considérer les personnes handicapées comme nos semblables et non, comme cela fut longtemps le cas, comme des personnes à mettre à l’écart. « Il n’y a ni vie minuscule, ni vie majuscule », nous dit C. Gardou : c’est ainsi que l’on pourra s’approcher d’une société inclusive où il n’existera plus qu’une seule sorte de citoyen.