Existe-t-il un pouvoir addictogène de la cyamemazine ? Réflexions autour de cas cliniques - 29/05/20
Résumé |
Introduction La Cyamemazine, antipsychotique le plus prescrit en France, est paradoxalement peu utilisé en dehors de l’hexagone [1]. Son effet antipsychotique, modulé par un antagonisme D2 modéré est reconnu faible et questionne sa classification. Ce dérivé de la phénothiazine est principalement prescrit à visée anxiolytique, médié par un antagonisme aux récepteurs 5-HT2C [2] ainsi que dans des contextes d’agitation, pour son effet sédatif dû à ses propriétés anti histaminiques. Il est également reconnu efficace dans de nombreux sevrages en substance, notamment en benzodiazépines [3]. C’est pourquoi il est prescrit chez 6 % des patients suivis en Centre de Soins d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie [4]. En effet, les antipsychotiques ne sont habituellement pas considérés comme ayant un potentiel de dépendance, mais les multiples cas de mésusage de la quétiapine, à visée anxiolytique et sédative, nous poussent à questionner ce paradigme.
Matériel et Méthodes Nous allons donc questionner l’éventuel potentiel addictogène de la cyamemazine autour de 4 cas clinique déclarés à l’addictovigilance du CHU de Nantes entre 2008 et 2018. 3 femmes de 32 à 54 ans et un homme de 50 ans sont concernés. Les posologies quotidiennes allaient de 300 à 800 mg. Tous les sujets présentaient un trouble lié à l’usage (TLU) d’une substance psycho-active (SPA) (alcool, codéine, cannabis, benzodiazépines) et une ou plusieurs comorbidités psychiatriques associées (troubles de l’humeur et troubles anxieux).
Résultats Bien qu’un phénomène de tolérance ait été retrouvé, il n’a pas été rapporté de symptômes de sevrage physique ni de réel craving (malgré une appétence perçue par les équipes) ni d’effets recherchés atypiques (c’est-à-dire en dehors de ceux attendus sur l’anxiété), ni de dommages associés. Ces différents cas soulignent l’importance d’être vigilant aux posologies et durées de prescription de la cyamemazine dans ces indications d’aide au sevrage et dans la prise en charge de troubles anxieux.
Conclusion Certains profils de patients anxieux, présentant un TLU de SPA, tendent à développer une tolérance médicamenteuse avec la nécessité de posologies plus importantes pour une même efficacité, plus qu’un réel processus addictif. Cependant, ce symptôme mérite qu’on s’y intéresse comme le reflet d’une anxiété encore mal stabilisée et peut être résistante.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Cyamemazine dépendance
Vol 1 - N° S
P. S132-S133 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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