Les critères nosologiques de l’autisme sont modifiés à intervalles réguliers, conduisant à un élargissement des critères diagnostiques. En effet, avant l’apparition du DSM-III en 1980, cette pathologie était considérée comme rare : la prévalence de l’autisme de Kanner se situait à 2/10000. Dans le DSM-IV, cette pathologie est inclue dans le groupe plus large des Troubles envahissants du développement (TED) : la HAS considère qu’actuellement un enfant sur 150 souffre de TED. À l’heure où le DSM-V les rassemble sous la terminologie des Troubles du spectre autistique (TSA), cette pathologie suscite toujours de multiples débats dans les pays occidentaux concernant ses limites, sa place dans la nosographie, sa nature, ses étiologies ainsi que sur le type de prise en charge. Dans la mesure où il n’y a pas d’indices biologiques qui permettent d’affirmer le diagnostic, celui-ci reste toujours marqué par le contexte social et culturel dans lequel il est posé. Existe-t-il des particularités épidémiologiques ou cliniques dans les populations migrantes? Que peuvent apporter l’anthropologie médicale et la psychiatrie transculturelle au diagnostic de TSA ? Un questionnement transculturel est mené autour de ce diagnostic, en nous basant sur deux recherches:

– Une revue de la littérature systématisée sur l’âge au diagnostic en fonction de l’appartenance à une minorité ethnoculturelle ou du statut migratoire (Martinot et al, 2018). Six bases de données ont été interrogées (Pubmed, Embase, Psychinfo, WebOfScience, Cochrane et Cinahl), permettant une sélection de 19 articles.

– Un questionnement autour de la validité des échelles diagnostiques, en prenant l’exemple de l’ADI-R (M.P. Augeard et al., 2018, recherche en cours), hétéroquestionnaire recommandé par la HAS mais dont la validité sur un plan transculturel n’est pas reconnue.