La douleur en psychiatrie : une problématique transnosographique - 29/05/20
Résumé |
La douleur en tant que processus pathologique majeur a fait l’objet d’une prise de conscience assez récente. Chez les patients souffrant de troubles psychiatriques, la prévalence de la douleur est plus élevée qu’en population générale, interrogeant sur les processus physiopathologiques [1]. La description et la compréhension de la douleur en psychiatrie sont des enjeux de santé individuelle et collective, Nous aborderons ces différents aspects au sein de divers troubles psychiatriques.
Dès la description princeps de la « démence précoce », une insensibilité à la douleur physique a été décrite, restée ancrée dans la représentation de la schizophrénie chez les cliniciens. Les données d’observation sont plus complexes soulignant d’une part l’existence d’une sensibilité spécifique à la douleur chez ces patients, d’autre part une prévalence plus élevée de douleurs chroniques. Différents facteurs de risque (anxiété et dépression comorbides, antécédents de traumatismes infantiles) ont été identifiés [2]. Les patients souffrant de schizophrénie ne sont donc pas « insensibles ». Ils justifient repérage et prise en charge spécifiques.
Le suicide est un problème de santé majeur. La question du rôle de la douleur dans la survenue d’idées et de comportements suicidaires a été soulevée par plusieurs des théories psychologiques : théorie interpersonnelle, cry of pain… Les notes de suicide témoignent souvent de la présence d’une douleur intolérable. Malgré la complexité de sa définition, la douleur psychologique semble centrale dans le processus suicidaire, tout comme les situations d’exclusion sociale, sources de souffrance. Le phénomène douloureux au sens large permet d’ouvrir des voies de compréhension du suicide au niveau biologique.
Plusieurs études montrent que la douleur chronique chez les patients dépendants aux opioïdes substitués est sous-évaluée et sous-traitée [3]. Or la douleur chronique affecte 37 à 68 % de ces patients [4] versus 31 % en population générale. Certains praticiens limitent leur prescription d’antalgiques opioïdes chez ces patients en raison d’une crainte de rechute en prescrivant des antalgiques opioïdes, quand d’autres appréhendent un mésusage de l’antalgique qui pourrait conduire notamment à un risque accru d’overdose. Une prise en charge inadaptée entrainerait plusieurs conséquences péjoratives comme l’usage de substances psychoactives, un risque de rupture de suivi et un impact social négatif.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Douleur, Suicide, Schizophrénie, Dépendance aux opiacés
Vol 1 - N° S
P. S17-S18 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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