La dépression est une pathologie fréquente, touchant 5-18 % de la population générale, qui évolue vers la rechute puis la récurrence, voire la chronicité dans au moins 50 % des cas. De plus, 20 à 40 % des dépressions ne répondent pas aux antidépresseurs. L’OMS estime de plus qu’en 2020, la dépression sera la seconde cause de dépense de santé dans le monde. Elle représente donc une problématique prioritaire de santé publique.

La stimulation du nerf vague (VNS) est un traitement neurochirurgical fonctionnel classiquement proposé dans la prise en charge de certaines épilepsies pharmaco-résistantes. Les études menées dans ces populations ont permis de mettre en évidence son effet antidépresseur. Celui-ci a depuis été évalué chez les patients souffrant de dépressions unipolaires et bipolaires résistantes aux stratégies standard de traitement. L’effet antidépresseur de la VNS semble dépendre de la stimulation, via le noyau du faisceau solitaire, du locus coeruleus (noyau noradrénergique) et du raphé dorsal (noyau sérotoninergique). Les mécanismes immuno-inflammatoires pourraient également être impliqués via la modulation du système cholinergique.

La VNS permet ainsi d’obtenir une réponse clinique, définie par une réduction d’au moins 50 % de la sévérité des symptômes dépressifs, dans au moins 1/3 des cas de dépression résistante après échec de 4 à 6 lignes de traitements bien conduites, dont l’électroconvulsivothérapie dans plus de 50 % des cas. Contrairement aux autres traitements antidépresseurs, l’efficacité et la tolérance de la VNS sont comparables dans les dépressions unipolaires et bipolaires. Enfin, la VNS se distingue des autres traitements antidépresseurs par sa dynamique d’action lente, son effet thérapeutique étant obtenu après 6 mois, voire un an de stimulation, ainsi que par la stabilité de la réponse thérapeutique alors obtenue.

Bien que plus de 4000 sujets atteints de dépression résistante aient déjà bénéficié de ce traitement dans le monde, la VNS n’est qu’exceptionnellement envisagée en France. Cette communication pour objectif de faire une synthèse des données médico-scientifiques actuelles, d’apprécier sa balance bénéfice-risque, et de discuter ses bases physiopathologiques et le profil des patients les plus à même de bénéficier de ce traitement.