En France, environ un adulte sur cinq joue au moins une fois à un jeu de hasard et d’argent dans l’année. Le chiffre d’affaires de l’industrie du jeu se compte en milliards d’euros, permettant aux opérateurs d’en réinvestir une part importante dans le marketing. L’exposition à des publicités omniprésentes dans l’environnement quotidien va contribuer à normaliser la pratique des jeux, en l’associant à des représentations positives. Les sujets les plus vulnérables au marketing sont aussi les plus vulnérables aux effets néfastes du jeu. Au travers une revue de littérature, Morgane Guillou, psychiatre au CHU de Brest, démontrera l’influence du marketing sur les comportements de jeu et proposera une réflexion sur la prévention à mettre en regard.

De tout temps, l’homme a joué à des jeux de hasard et d’argent, cette pratique revêtant différentes fonctions selon l’époque, le contexte, l’histoire de l’individu. Jouer et rejouer est sans doute une manière de donner du sens à sa vie, pour une durée très courte généralement, et sans conséquence pour la majorité des joueurs. Pour les autres, la pratique peut devenir excessive, dévoratrice, et pourtant, elle a aussi un sens, qu’il convient de questionner lors de l’accompagnement thérapeutique. L’approche de sens est complémentaire d’autres approches, telles que les thérapies comportementales et cognitives. Elizabeth Rossé, psychologue au Centre Médical Marmottan à Paris, nous le démontrera. Les soins portés aux joueurs excessifs visent à la réduction de la pratique des jeux ou un arrêt total. Il s’agit souvent-là des critères retenus pour tester l’efficacité thérapeutique. Qu’en est-il de l’amélioration de la qualité de vie ? Evaluer au plus près les préoccupations des patients et sortir d’un champ normatif est un courant actuellement porté en addictologie. L’échelle de qualité de vie GQoLS a été développée à cette fin, en s’appuyant sur des focus groupes de joueurs problématiques. Outre des dimensions attendues (pression financière, détérioration des relations, etc.), la construction de l’échelle révèle des dimensions habituellement non mesurées chez les joueurs excessifs : solitude, incompréhension, difficulté dans la relation d’aide. Amandine Luquiens, psychiatre au CH Paul Brousse à Villejuif, nous exposera les résultats de l’étude de développement de l’échelle.