Les pratiques d’accompagnement et de soutien par les pairs concernent les individus décidés à faire face aux épreuves et à se prendre en main, avec le soutien de leurs pairs [1]. A partir de 1950, des associations d’usagers en santé mentale ont contribué à prouver la pertinence de la pair-aidance. Ils ont montré que l’utilisation par les malades de leur propre expérience est une variable majeure dans le processus de rétablissement des autres [2]. Depuis 2012 en France, en s’inspirant de modèles canadiens notamment, la pair-aidance en santé mentale se professionnalise, à travers l’expérimentation du CCOMS des Médiateurs de Santé Pair [3]. Aujourd’hui une trentaine de médiateurs de santé pairs (MSP) sont en poste dans des services hospitaliers et médico-sociaux. Les MSP font partie de l’équipe soignante et médico-sociale. Ils mettent leur savoir expérientiel des troubles et du rétablissement au service de l’accompagnement de leurs pairs mais aussi participent à une certaine vision du soin plus humaine, orientée rétablissement. Le MSP, en tant que figure du rétablissement, modifie

la vision des personnes vivant avec des troubles psychiques, souvent emplie de préjugés négatifs et de peur. Par sa trajectoire, il montre aux usagers encore dans le doute et la douleur de la maladie qu’il est possible de vivre pleinement malgré un passé plus ou moins présent de symptômes de troubles psychiques sévères aux conséquences importantes à un temps t sur l’inclusion sociale et l’estime de soi de la personne concernée. Au-delà des usagers, il rappelle ou interpelle également le personnel soignant avec qui il travaille, lui montrant que les personnes ayant des problèmes de santé mentale ont également des ressources, des forces, qu’elles sont des personnes à part entière qui ont droit à un avenir au-delà des soins et qui peuvent accéder à la pleine citoyenneté. Le pairaidant a donc un rôle de déstigmatisation autant au niveau des usagers que des soignants. Cela est d’autant plus efficient que les troubles du pair-aidant ont disparu ou sont compensés par des mécanismes propres à lui et qu’il se réfère à bon escient à un savoir expérientiel concernant aussi bien ses troubles que son rétablissement.