Utilisation des benzodiazépines chez des patients hospitalisés en psychiatrie en France. Vers des recommandations spécifiques ? - 29/05/20
Résumé |
Introduction Alors que les benzodiazépines et les médicaments apparentés (zolpidem et zopiclone) sont largement utilisés chez les patients souffrant de pathologies psychiatriques, il existe peu de données sur les modes d’utilisation de ces médicaments dans cette population et leur bon usage. De plus, leur usage serait associé dans cette population à des risques spécifiques: agressivité, suicide, sédation, ataxie, troubles cognitifs, anxiété, dépression, manque d’efficacité. L’objectif de cette étude était d’étudier l’usage et l’impact des benzodiazépines chez des patients hospitalisés en psychiatrie.
Méthode Une étude de cohorte a été menée à l’hôpital Charles Perrens (Bordeaux, France), incluant tous les adultes admis en février ou juin 2016. Ils ont été suivis jusqu’à la fin de l’hospitalisation, ou pendant six mois s’ils étaient toujours hospitalisés ou suivis par une structure dépendant de l’hôpital. Une situation de mésusage a été identifiée selon quatre critères des recommandations françaises : i/Une période de traitement supérieure à 28 jours pour les benzodiazépines hypnotiques et les apparentés, ou 84 jours pour les benzodiazépines anxiolytiques ; ii/Une prescription concomitante de deux benzodiazépines ou plus ; iii/Un dosage supérieur à celui recommandé dans le résumé des caractéristiques du produit ; iv/Une prescription de benzodiazépines à longue demi-vie chez le sujet âgé.
Résultats 511 patients ont été inclus, avec une moyenne d’âge de 43 ans, et 49,5 % de femmes. La plupart des patients hospitalisés ont reçu au moins une benzodiazépine (n = 454, 88,8 %). Parmi eux, presque tous ont utilisé une benzodiazépine anxiolytique (n = 448, 98,7 %) et une petite proportion a reçu une benzodiazépine hypnotique (n = 64, 14,1 %). Environ la moitié des utilisateurs de benzodiazépines avaient une durée de traitement trop longue (39,1 % pour les hypnotiques et 54,2 % pour les anxiolytiques), mais cette fréquence est sous-estimée. Les trois quarts des utilisateurs d’hypnotiques (75,3 %) et moins d’un septième des utilisateurs d’anxiolytiques (14,5 %) avaient au moins deux prescriptions concomitantes de benzodiazépines. Près de la moitié des utilisateurs d’hypnotiques (53,1 %) et d’anxiolytiques (43,5 %) avaient au moins une ordonnance de benzodiazépine avec une posologie trop élevée. 21,6 % des 51 patients âgés avaient une benzodiazépine à demi-vie longue.
Conclusion Parmi les patients souffrant de troubles psychiatriques, le nombre d’utilisateurs de benzodiazépine et la proportion de mauvaise utilisation des benzodiazépines sont préoccupants. On peut s’interroger sur la pertinence des recommandations de bon usage dans cette population.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 1 - N° S
P. S29-S30 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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