Prise en charge médico-psychologique des enfants rentrant de zone irako-syrienne - 29/05/20
Résumé |
On les a appelés « petits revenants » dans certains articles de presse. Nés en France, en Irak ou en Syrie, on estime que 5 à 700 d’enfants français ont vécu en zone d’opération terroriste, et que la grande majorité est appelée à rentrer en France.
Dans une instruction du 23 février 2018, le Premier Ministre précise les modalités de leur prise en charge à leur retour. Les services de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, sur tout le territoire national sont appelés à jouer un rôle important, tant pour la réalisation d’une évaluation initiale, que pour le déploiement de soins chaque fois que nécessaire.
Nous décrivons une série de situations totalement inédite, puisqu’à ce jour, plus de 30 enfants ont bénéficié de ce dispositif en Seine-Saint-Denis, dont beaucoup ont besoin de soins, et vont partir en province afin de se rapprocher de leur famille dans les mois qui viennent. La mise en place d’un réseau national de centres cliniques investis dans ces prises en charge est une nécessité.
Concernant les 30 enfants que nous avons reçus, ils sont majoritairement très jeunes (parfois quelques mois), et ont vécu une succession dramatique d’événements adverses : bombardements, exposition à des images traumatiques, décès violent du père, incarcérations, séparation brutale de la mère à l’arrivée à l’aéroport avant d’être confiés aux services de protection de l’enfance, tandis que les mères sont incarcérées. Les tableaux qui en résultent sont massifs : retards développementaux, stress post-traumatique, dépression, troubles de l’attachement. Les évaluations réalisées indiquent systématiquement un besoin de soins. Pour les plus grands, la parole est difficile : ils sont pris dans de terribles conflits de loyauté, menacés de clivage et de Faux-self.
Nous évoquerons les troubles présentés, mais aussi sur les profonds dilemmes éthiques que pose un tel travail (notamment ce qui est attendu de nous par les autorités et autres partenaires) Nous finirons par les contre-attitudes, les difficultés qu’il y a à soigner, ceux qui, dans une certaine mesure, peuvent personnifier « l’ennemi ». Soignants et intervenants sociaux sont en difficultés avec eux et des dispositifs de soutien sont indispensables.
Cette présentation pourra être utile à tout pédopsy amené à prendre en charge ces enfants dans leurs lieux de soins.
L’enjeu est double : leur permettre de reprendre le cours de leur développement, et s’inscrire dans notre société. Et l’enjeu est également sociétal.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Traumatisme psychique, Deuil parental, Séparation, Dépression, Guerre, Soigner l’ennemi
Vol 1 - N° S
P. S3 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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