L’apport des bases de données nationales dans l’épidémiologie des troubles psychotiques - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30081-9 
C. Chan Chee * , F. Chin *, C. Ha *, N. Beltzer *, C. Bonaldi *
* Santé publique France, 12, rue du Val d’Osne, 94415 Saint Maurice, France 

Résumé

Contexte – Les troubles psychotiques sont parmi les troubles mentaux les plus graves avec un risque de désinsertion familiale, professionnelle et sociale. Sources d’incapacité, de souffrance et d’exclusion, avec un risque suicidaire important, ils contribuent largement à la mortalité prématurée, ainsi qu’à la charge de morbidité, avec des comorbidités somatiques et addictives. En raison de leur faible prévalence dans la population générale, l’épidémiologie de ces troubles et la caractérisation de la population atteinte sont peu accessibles par des enquêtes en population. Toutefois, la chronicité et la sévérité des troubles font que les patients doivent souvent avoir recours aux soins et l’utilisation des bases médico-administratives pourrait être un moyen d’approcher la prévalence des troubles. Depuis quelques années, les données hospitalières du Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) peuvent être chainées aux données de remboursement des soins par les principaux régimes d’assurance maladie. Ce chainage via un numéro individuel unique rend ainsi possible la surveillance épidémiologique des personnes avec trouble psychotique suivies dans le système de soins. Cette présentation a pour objectif d’évaluer la faisabilité d’une telle approche épidémiologique.

Méthode – Le repérage d’une personne avec troubles psychotiques se fait selon un algorithme prenant en compte un des éléments suivants :

– prise en charge en ALD n° 23 « Affections psychiatriques de longue durée » codée de F20 à F29 de la CIM10 pour troubles psychotiques au cours de l’année ;

– hospitalisation avec F20 à F29 en diagnostic principal (DP) ou associé (DA) en médecine chirurgie ou obstétrique (PMSI-MCO) ou en psychiatrie (RIM-P) au cours de l’année ;

– remboursement de neuroleptiques (classe ATC N05A) à au moins trois dates différentes au cours de l’année et hospitalisation au moins une fois au cours des quatre années précédentes avec F20 à F29 en DP ou DA (PMSI-MCO ou RIM-P) ;

– suivi en ambulatoire (RIM-P) au cours de l’année en centre médico-psychologique (CMP), avec F20 à F29 en DP ou DA. Dans le RIM-P, le lien entre les différents actes réalisés en ambulatoire et les hospitalisations en psychiatrie se fait pour un même patient par l’intermédiaire d’un numéro d’identification différent du numéro individuel unique utilisé pour repérer les autres prises en charge. Aussi, afin d’éviter au mieux les doublons, les personnes repérées en ambulatoire pour une année ne sont prises en compte par notre algorithme que si elles ont été hospitalisées en établissement psychiatrique dans les quatre années précédentes (leur conférant ainsi le numéro individuel unique).

Résultats – Environ 470 000 personnes souffrant de troubles psychotiques ont été prises en charge en 2014 par le système de soins français, soit une prévalence de 7,4 pour 1 000 habitants. Tous âges confondus, elle est 30 % plus élevée chez les hommes (8,3 pour 1 000 vs. 6,4 pour 1 000 chez les femmes). Chez les hommes, la prévalence augmente avec l’âge, pour atteindre un pic autour de 14 pour 1 000 entre 35 et 49 ans, et décroitre ensuite régulièrement. Chez les femmes, la prévalence augmente avec l’âge pour se stabiliser à partir de la cinquantaine à un taux d’environ 10 pour 1 000. Parmi les personnes repérées par l’algorithme, 72 % bénéficient d’une prise en charge au titre de l’ALD 23. Discussion – Ces résultats sont très proches des estimations rapportées par les trois revues systématiques publiées à ce jour [1-3]. La possibilité d’utiliser ces données couvrant toute la population française pour approcher de façon fiable la prévalence des patients pris en charge pour troubles psychotiques est une grande avancée dans la surveillance épidémiologique pérenne de ces troubles [4]. Cette surveillance est essentielle pour l’aide à la décision publique dans le développement de l’accès aux soins et la réduction des inégalités sociales et territoriales de santé.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Troubles psychotiques, Bases médicoadministratives, Prévalence



© 2018  Association Psychiatrie et Psychobiologie. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 1 - N° S

P. S34-S35 - novembre 2018 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Actualités sur l’épidémiologie des troubles psychotiques en France
  • C. Chan-Cheen, T. Fovet, B. Pignon
| Article suivant Article suivant
  • Epidémiologie des troubles psychotiques en milieu spécifique : l’exemple du milieu pénitentiaire.
  • T. Fovet

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.