Peut-on enseigner l’empathie aux soignants? - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30091-1 
F. Birault *
* Maison Santé Pluriprofessionnelle Universitaire, Département de Médecine Générale, 115 rue des Couronneries, 86000 Poitiers 

Résumé

Contexte : La souffrance des soignants est principalement dû à l’épuisement professionnel. Elle concerne près de 50 % des soignants et augmente les erreurs médicales [1]. La prévention de l’épuisement professionnel est possible en modifiant les conditions de travail en particulier la relation médecin patient [2]. L’empathie protège les soignants [3]. L’empathie est une compétence des soignants reconnue comme nécessaire (programme ECN 2016 UE1 objectifs terminaux: Établir avec le patient une relation empathique, dans le respect de sa personnalité, de ses attentes et de ses besoins.). Question : L’empathie doit donc être enseignable mais comment ? Méthode : Les pédagogues conseillent une approche par compétence (APC), centrée sur l’apprenant, basées sur les théories constructivistes [4]. Le principe est de partir des compétences de l’apprenant pour lui permettre d’en acquérir d’autres en expérimentant son propre chemin dans le cadre donné par l’enseignant sous forme d’objectifs pédagogiques.

Résultats : Nous avons construit un programme ANDPC (Agence Nationale pour le Développement Professionnel Continu) d’une durée de 7 heures sur une journée avec la Professeur Diane Clavet en 2017 [5] pour enseigner l’empathie à une trentaine de soignants de soignants sur les principes de l’APC.

Le libellé était « L’empathie dans la relation soignant soigné : un outil de prévention de la souffrance du soignant ».

Les objectifs pédagogiques étaient :

1. expliquer la contribution d’une relation soignant-soigné de type sympathique, plutôt qu’empathique, dans la souffrance du soignant ;

2. poursuivre une réflexion sur leur position empathique comme soignant, amorcée à partir de la confrontation avec différentes œuvres d’art contemporain ;

3. mettre en application des stratégies concrètes favorisant la distance critique en tant que soignant empathique ;

4. favoriser la prise de conscience, chez les soignants en souffrance, de l’impact du type de relation soignant-soigné qu’ils entretiennent. Les méthodes pédagogiques utilisées ont été des cours magistraux pour les acquisitions de connaissances et/ou une mise à niveau, des séances de remues méninges pour susciter le mouvement facilitant l’apprentissage, des décontextualisation-recontextualisation en s’appuyant sur des oeuvres d’art pour amorcer la décentration, des mises en situations à distance (vidéo) puis sous forme de jeux de rôles pour ancrer les nouvelles compétences.

L’évaluation s’est basée sur des outils de niveaux 1 et 2 de Kirk Patrick.

Discussion : La santé des soignants justifie une prise en charge dédiée (Canévet et al exercer 2018) actuellement mis en place par les Conseils Nationaux des Ordres professionnels des soignants sous forme du PASS (Programme d’Aide Solidarité Soignants). Une formation spécifique des soignants de soignants est nécessaire. La prévention doit être promue dans la formation, en particulier sur le volet de l’empathie. Les résistances sont symptomatiques des difficultés des soignants à adopter une posture empathique pour eux mêmes. L’enseignement de l’empathie nécessite donc un soin tout particulier, tenant compte de ces résistances. L’évaluation de l’enseignement de l’empathie sur le niveau 3 de KirkPatrick ne pourra être faite que dans le cadre de réseaux comme celui du PASS.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Empathie, Enseignement, Soignants, Réseau de soins



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