Les grandes avancées dans le champ des neurosciences nécessitent un dialogue permanent et bidirectionnel entre les acteurs de la recherche clinique et de la préclinique et donc entre chercheurs et cliniciens. Un frein important actuellement dans la recherche est le manque d’échanges entre les acteurs de différents champs disciplinaires et cela pourrait expliquer au moins en partie le faible taux de succès du transfert des résultats précliniques prometteurs à la clinique (Phillipps et al 2018). Pendant la dernière décennie des nouvelles technologies ont révolutionné les neurosciences comme par exemple la chémogénétique et l’optogénétique qui permettent d’exciter ou d’inhiber spécifiquement des neurones dans le cerveau des animaux se comportant et ainsi d’étudier des liens de causalité entre comportement et activité neuronale (Luscher et Pollak, 2016). Cependant, un niveau élevé de complexité dans l’analyse des réseaux demande des hypothèses solides à tester. A côté de l’aspect technologique il ne faut pas oublier que la validité de modélisation animale a aussi un besoin constant de l’input clinique et c’est ainsi que la recherche sur des groupes homogènes d’animaux a laissé la place à l’étude de la variabilité phénotypique et son substrat neurobiologique. C’est ainsi également qu’un DSM-5 chez l’animal a fait son chemin et préoccupe actuellement les chercheurs pour répondre au mieux aux attentes des cliniciens (Spanagel, 2017).

L’étude de l’influence de l’âge, du sexe, des interactions sociales, de l’environnement viennent compliquer le travail des chercheurs en précliniques mais vise à mieux répondre aux attentes de la clinique sur les aspects de vulnérabilité.

En alcoologie les observations cliniques du binge drinking et de l’addiction à l’alcool sont à l’origine du développement et de l’amélioration de la modélisation animale de ces comportements et des questionnements du point de vue de la neurobiologie (Jeanblanc et al, 2018). Que peuvent attendre les cliniciens des connaissances apportées par ces modèles et ces nouvelles technologies disponibles actuellement et de quoi ont besoin les spécialistes de la préclinique en 2018 ? C’est à cette question délicate que la présente communication vise à répondre.