Génération 3.0 : internet risques et opportunités dans les soins des TCA - 29/05/20
Résumé |
Selon l’étude Ipsos « Junior Connect’ 2017 » les 13-19 ans sont maintenant 81 % à posséder leur propre smartphone et sont connectés en moyenne 15 h 11 par semaine. Les réseaux les plus fréquentés sont Youtube (79 %), Facebook (77 %) et Snapchat (57 %). L’hyperconnexion de la génération Z l’expose de plus en plus à la dictature de l’image. Des études récentes tendent à démontrer que l’usage pathologique d’internet est associé à un risque plus élevé de perturbation du comportement alimentaire ou d’obésité.
L’usage des réseaux sociaux contribuerait à la genèse, mais surtout au maintien des troubles du comportement alimentaire (TCA). Des études plus détaillées nous montrent, qu’au-delà du temps passé sur les réseaux sociaux, c’est le nombre de selfies postés ou le temps passé à diffuser/contrôler son image qui sont associés au risque de TCA, en particulier d’anorexie mentale. Le développement exponentiel de la tendance « fitspiration », là où le corps musclé et healthy remplace le corps maigre, vient enrichir l’expression symptomatique des TCA, avec le développement de troubles tels que la bigorexie ou l’orthorexie, qui ne sont pour autant toujours pas reconnus dans le DSM 5.
Par ailleurs, cette nouvelle génération s’inscrit dans des communautés virtuelles, se réunissant autour de croyances ou d’intérêts communs. Les TCA n’échappent pas à ce phénomène. Les groupes pro-ana en sont l’illustration la plus connue. L’hyperphagie boulimie, et plus largement l’obésité, n’échappent pas à ce phénomène avec des communautés de Feeders ou les FurAffinity. Ces sites, ou groupes, prônent le fait que les TCA sont un choix de vie et non un trouble psychiatrique. Il semble que la consultation de ce type de sites n’ait pour autant qu’un effet faible à modérer sur l’aggravation des symptômes du TCA. Le législateur, mais aussi les sociétés ellesmêmes (Pinterest ou Tumblr), essaient tout de même de limiter leurs progressions.
Certaines de ces communautés peuvent aussi viser à de l’entraide par les pairs ou comme support pour des actions de préventions ou thérapeutiques. La mise à disposition de groupes sur les réseaux sociaux, d’applications ou de sites internet dédiés rend certaines stratégies de préventions plus facilement diffusables, accessibles à toute heure et de n’importe où. L’analyse des messages postés sur ce type de groupes démontre que les participants y ont une activité et des demandes proches de celles observées lors des groupes de patients « in real life » : 31 % des messages impliquaient la révélation de soi, 23 % des demandes d’information et 16 % une demande de soutien émotionnel. Le champ des TCA n’échappera pas donc probablement pas à l’avenir aux soins connectés et aux applications de self help.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Troubles du comportement alimentaire, Internet, Pro ana, Réseaux sociaux, Prévention
Vol 1 - N° S
P. S53 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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