L’apport du craving dans l’évaluation de l’addiction alimentaire. Etude dans une population de sujets souffrant d’obésité - 29/05/20
Résumé |
Le craving ou envie irrépressible d’utiliser un objet d’addiction est aujourd’hui une notion centrale dans les modèles théoriques, les approches diagnostiques et thérapeutiques des troubles addictifs. Le craving apparaît à la fois comme un marqueur diagnostique et un déterminant majeur des rechutes. Il peut être évalué soit par des échelles visuelles analogiques, à 1 item, fiables et faciles à utiliser, soit par des échelles multidimensionnelles, plus précises mais de passation plus longue. Si la pertinence d’étendre la notion de craving aux addictions comportementales a été démontrée notamment dans l’addiction au jeu d’hasard et d’argent, son application dans le champ de l’addiction alimentaire (AA) demeure encore insuffisamment étudiée. La neuroimagerie fonctionnelle montre que, pendant l’anticipation d’une consommation de nourriture palatable, les sujets ayant des hauts scores d’addiction présentent un pattern d’activation de régions cérébrales impliquées dans l’expérience de craving aux substances. L’expérience de craving aux stimuli alimentaires évaluée auprès de sujets présentant une addiction aux substances apparaît aussi intense que celle générée par les substances addictives elles-mêmes. Lorsqu’on s’intéresse aux sujets souffrant d’obésité, les critères d’AA sont associés à une plus forte fréquence des épisodes de craving à l’alimentation et une sensibilité élevée aux effets hédoniques des aliments. Le craving à certains aliments palatables pourrait ainsi, de façon similaire à l’addiction aux substances, constituer une motivation essentielle et un mécanisme central dans la prise alimentaire compulsive favorisant le développement de troubles comme l’obésité. Nous avons ainsi souhaité décrire les caractéristiques cliniques associées au diagnostic d’addiction alimentaire chez des sujets obèses en s’intéressant au craving à l’alimentation. Nos résultats ont porté auprès d’un échantillon de 75 sujets en demande de prise en charge pour une obésité au centre de référence obésité Aquitaine. La prévalence de l’addiction alimentaire évaluée avec la Yale Food Addiction Scale était de 17 %. Le craving pour les aliments sucrés était significativement plus intense et associé au diagnostic d’AA. Ces données ouvrent des perspectives thérapeutiques et de recherche dans le champ de l’obésité et de certains troubles alimentaires.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Craving, Addiction alimentaire, Yale Food Addiction Scale
Vol 1 - N° S
P. S57 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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