Les personnes en situation de migration semblent avoir des niveaux élevés de troubles psychologiques – chez celles qui sont dans des situations socioéconomiques très précaires, ce risque pourrait être majoré. L’étude ENFAMS, réalisée par l’Observatoire du Samu Social en Ile-de-France pendant l’hiver 2012-2013, et qui a inclus 801 familles représentatives des familles sans logement stable, a permis d’évaluer la prévalence de plusieurs troubles psychologiques ainsi que leurs déterminants chez les femmes et leurs enfants, à l’aide d’outil de repérage standardisés (CIDI et MINI chez les adultes, et Strengths and Difficulties Questionnaire chez les enfants). Les résultats montrent des prévalences élevées de dépression (28,8 %) et d’état de stress post-traumatique (18,9 %) chez les femmes, ainsi que des niveaux élevés de de difficultés émotionnelles ou comportementales chez leurs enfants (20,8 %). La santé mentale des mères est notamment associée au fait d’avoir quitté son pays d’origine pour des causes violentes et l’instabilité résidentielle. Les enfants de mères qui ont des difficultés de santé mentale ont eux aussi plus de difficultés psychologiques, ainsi que ceux qui ont eu une forte mobilité résidentielle, sont en surpoids, se couchent après 22 h ou sont victimes de moqueries à l’école. Au total, ces résultats montrent le poids des problèmes psychologiques chez les personnes immigrées en situation de grande précarité socio-économique, qui sont très peu prises en charge compte tenu des difficultés d’accès aux soins de santé mentale spécifiques à cette population.