Immigration, précarité et santé mentale : données et hypothèses - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30148-5 
A. Szoke 1 , A. Tortelli 2, M. Melchior 3, J.-P. Selten 4
1. AP-HP (Assistance Publique – Hôpitaux de Paris), DHU PePSY, Hôpitaux Universitaires Mondor, Pôle de Psychiatrie et d’addictologie, Créteil 94000, France ; INSERM U955, Team 15, IMRB, Créteil F-94000, France ; UPEC, Université Paris – Est, Faculté de Médecine, Créteil 94000, France ; FondaMental Foundation, Fondation de Coopération Scientifique, Créteil 94000, France 
2. INSERM, U955, Equipe 15, Créteil, 94000, France 
3. Sorbonne Université, INSERM, Institut Pierre Louis d’Epidémiologie et de Santé Publique (IPLESP UMRS 1136), Paris, France 
4. School for Mental Health and Neuroscience, University of Maastricht, Maastricht, The Netherlands; Rivierduinen, Institute for Mental Health, Leiden, The Netherlands 

Résumé

Connaître et comprendre les particularités de la santé mentale des populations immigrées représentent des enjeux majeurs pour permettre la mise en place d’une offre de soins adaptée. La plupart des recherches épidémiologiques ont montré un excès de troubles psychiatriques dans ces populations par rapport aux natifs. Différentes hypothèses ont été proposées et de nombreux facteurs de risque suggérés pour rendre compte de cet excès de risque.

A partir d’études épidémiologiques récentes et de données expérimentales, les trois communications suggèrent que les facteurs sociaux défavorables, auxquels les populations immigrées sont particulièrement exposées, jouent un rôle essentiel dans leur excès de risque de pathologies mentales.

Une première étude, menée auprès d’un échantillon de familles immigrées hébergées par le Samu Social (ENFAMS, Janvier-Mai 2013, n = 733), montre des niveaux de dépression et de syndrome de stress-post traumatiques environ trois fois plus élevés que dans la population générale. Cet excès de risque est associé à l’exposition à des évènements traumatisants avant, pendant et après la migration. Par contraste, l’étude montre un très faible recours aux soins de santé mentale. Une deuxième étude a montré une prévalence élevée de psychose et de symptômes psychotiques chez des sujets immigrés et natifs en situation de précarité de logement (SAMENTA, N=840). Néanmoins, la prévalence de psychose est plus élevée parmi les natifs. Ceci est expliqué par des taux d’expositions différents aux principaux facteurs de vulnérabilité de psychose entre immigrés et natifs.

La troisième intervention propose une hypothèse originale qui permet, si validée, de mieux comprendre comment des facteurs sociaux apparemment très différents (précarité, traumatismes infantiles, discrimination etc.) peuvent tous augmenter le risque de troubles mentaux, et en particulier des troubles psychotiques. Des arguments théoriques et des données expérimentales suggèrent que la « défaite sociale » (une expérience d’exclusion du groupe majoritaire) est le mécanisme commun par lequel des facteurs sociaux divers pourraient augmenter le risque de trouble psychiatrique. Ce phénomène pourrait être particulièrement fréquent chez les personnes immigrées – et plus particulièrement si elles appartiennent à une minorité visible – qui – dans leur pays d’arrivée – ont un risque élevé de cumuler des difficultés socioéconomiques avec des situations de discrimination. Au total, ces trois études éclaireront les mécanismes par lesquels les populations immigrées, la plupart du temps en bonne santé physique et mentale au moment du départ, peuvent in fine avoir plus de pathologies psychiatriques que les natifs. Les implications de ces résultats sur la manière dont les personnes devraient être prises en charge dans le pays dans lequel elles vivent, et en particulier en France, seront discutées.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Immigrés, Précarité, Épidémiologie, Psychose, Dépression, Stress post-traumatique



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Vol 1 - N° S

P. S60 - novembre 2018 Retour au numéro
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  • M. Melchior, M. Roze, S. Vandentorren

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