Le sommeil est une fonction biologique essentielle, nécessaire pour la restauration du cerveau et la consolidation de la mémoire. Des changements importants dans la quantité et l’architecture du sommeil se produisent tout au long de la vie, avec une augmentation des troubles du sommeil avec l’âge. Ces troubles du sommeil sont particulièrement fréquents chez les personnes ayant des déficits cognitifs, et ont souvent été considérés comme conséquence du processus pathologique sous-jacent, ou de ses comorbidités somatiques et psychiatriques. Néanmoins, de plus en plus d’études suggèrent que la durée du sommeil, la fragmentation du sommeil, et les pathologies liées au sommeil peuvent jouer un rôle dans le processus pathogénique conduisant à une déficience cognitive. Nous avons analysé les caractéristiques du sommeil des participants à l’étude populationnelle HypnoLaus (Lausanne, Suisse) âgés de > 65 ans présentant des troubles cognitifs légers. Comparés aux participants sans troubles cognitifs, ils présentaient des différences significatives dans les caractéristiques du sommeil avec plus de temps passé en stade N1 (sommeil léger) et moins au stade N3 (sommeil profond) et dans le sommeil paradoxal, une plus faible efficacité du sommeil et plus de temps passé réveillé après l’endormissement. Ils présentaient également des anomalies respiratoires au cours du sommeil plus sévères, avec un index d’apnées/hypopnées (IAH) et des index de désaturations en oxygène (IDO) pendant le sommeil plus élevés. Cependant, l’analyse multivariée après ajustement pour d’éventuels facteurs de confusion a révélé que seuls les indices liés aux troubles respiratoires au cours du sommeil (AHI et ODI) étaient indépendamment associés à la présence de troubles cognitifs.

Notre étude suggère que les perturbations du sommeil, et en particulier les anomalies respiratoires au cours du sommeil, peuvent jouer un rôle dans le développement de troubles cognitifs.