Suivi ambulatoire infirmier dans le cadre de la prévention de la récidive suicidaire : PHRIP SIPRES - 29/05/20

Doi : 10.1016/S2590-2415(19)30207-7 
J. Guyodo 1 , G. Mykolow 2, H. Simon 2, S. Latapy 1, M. Alignan 1
1. Infirmier, CHU de Montpellier, Unité de Post-Urgence Psychiatrique, Hôpital Lapeyronie, Montpellier 
2. Cadre Supérieur De Santé, CHU de Montpellier, Unité de Post-Urgence Psychiatrique, Hôpital Lapeyronie, Montpellier 

Résumé

L’évolution des pratiques soignantes en psychiatrie tend vers la réduction de la durée de séjour en hospitalisation à temps complet, pour un soin plus adapté aux besoins réels du patient dans son environnement de vie personnel.

Les stratégies thérapeutiques de prise en charge des personnes en crise suicidaire pour lesquelles le risque de récidive différée est particulièrement important jusqu’à 6 mois après un premier passage à l’acte, doivent prendre en compte la vulnérabilité de ces personnes du fait qu’elles ne recourent pas spontanément aux soins.

Ainsi, la problématique actuelle de la prévention de la récidive suicidaire repose à la fois sur la faiblesse des ressources thérapeutiques du patient, mais aussi sur des dispositifs de prise en charge qui sont peu garants d’une continuité de soins adaptée aux besoins spécifiques du patient en crise suicidaire.

Notre hypothèse est qu’adresser un patient à une autre équipe soignante que celle qui a géré la crise, entraîne une rupture dans la prise en charge, peu favorable à prévenir le risque de récidive suicidaire. Le souci de toujours mieux prendre en charge cette population vulnérable a été à l’origine d’une réflexion clinique infirmière, qui a abouti à la mise en place en février 2012, d’un suivi infirmier flexible et personnalisé, sur 3 mois, en post hospitalisation immédiate et qui comprend des consultations hospitalières, des visites à domicile et des appels téléphoniques. Ce suivi est basé sur le principe de « recontact », et permet une plus grande flexibilité et adaptabilité à chaque patient. Il favorise une évaluation rapprochée, la continuité des soins et le développement d’une alliance thérapeutique de qualité pour les patients qui de ce fait peuvent bénéficier d’un temps de séjour raccourci.

Dans un premier temps, et suite à une évaluation aux urgences, le patient suicidant est accueilli en hospitalisation complète dans l’unité de post-urgence psychiatrique pour la prise en charge de la crise suicidaire. Cela va permettre d’évaluer le niveau du risque suicidaire, de poser un diagnostic, d’explorer les éventuelles comorbidités et d’adapter le traitement. Dès le 3e jour, la question du devenir est abordée et les différentes options thérapeutiques de suivi sont envisagées avec le patient. Dans la plupart des cas, un retour à domicile avec suivi post hospitalisation ambulatoire est possible dès le 7e jour. Le relais de soins à 3 mois post hospitalisation avec le psychiatre traitant est réfléchi dès ce moment.

Ce suivi, effectué en étroite collaboration avec l’équipe médicale, est protocolisé. Il est intensif durant les 15 premiers jours post hospitalisation et se poursuit ensuite, en fonction de la bonne évolution du patient, par des appels téléphoniques a minima jusqu’au 3e mois. Ainsi, le patient sort à domicile avec des consultations médicales de suivi à 1 semaine et à 2 semaines de la sortie (J7 et J14), ainsi que des consultations infirmières intermédiaires (J3 et J10). L’infirmier va donc être le premier soignant à revoir le patient après son retour à domicile. Ces deux premières consultations infirmières se déroulent soit à l’hôpital, soit au domicile du patient, selon l’évaluation de l’équipe soignante et le souhait du patient. Des consultations téléphoniques infirmières sont également programmées à 3 semaines, 6 semaines et 12 semaines après le retour à domicile (S3, S6 et S12). À partir de cette base protocolisée et prescrite par le médecin au moment de la sortie, le dispositif devient adaptable à chaque instant, selon l’évaluation médicale ou infirmière, tant dans sa fréquence que dans les modalités de recontact. Par exemple, si le risque suicidaire est élevé, il peut être décidé par l’infirmier d’intensifier le dispositif ambulatoire en augmentant les consultations infirmières ou, après concertation avec un médecin, de programmer une consultation médicale rapprochée, d’orienter le patient vers les urgences ou de le réhospitaliser, ou même de déclencher une procédure d’urgence (envoi de secours, contrainte de soins).

Le PHRIP SIPRèS est une étude clinique randomisée comparant le dispositif ambulatoire infirmier de prévention de la récidive suicidaire en post hospitalisation (groupe intervention) à la prise en charge habituelle, par prolongation d’hospitalisation ou retour à domicile avec suivi par le psychiatre traitant, sans suivi infirmier (groupe contrôle). Son objectif principal est la prévention de la récidive suicidaire, tandis que l’objectif secondaire est l’amélioration de la qualité de vie avec notamment une diminution des fréquences et durées d’hospitalisation.

Ses atouts sont l’évaluation rapprochée, une continuité des soins, le développement de l’alliance thérapeutique, un accompagnement individualisé et flexible. L’étude, d’une durée totale de 4 ans, inclut 380 patients suivis sur 1 an. Elle apporte également des perspectives nouvelles pour les soins infirmiers, à savoir, une formalisation des protocoles de suivi, l’appropriation de compétences nouvelles de soins spécialisés dans la prise en charge de la crise suicidaire, dont le développement de compétences psychothérapeutiques.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Suicide, Prévention de la récidive suicidaire, Consultations infirmières, PHRIP



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