Un devenir favorable est possible pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques sévères à condition, comme c’est également le cas pour les maladies somatiques chroniques, que ces personnes deviennent partenaires et actrices de leurs soins, pouvant retrouver ainsi un sentiment de contrôle sur leur vie et de liberté de choix et de projet, sentiment dont la maladie aigüe les avait justement privées. Au-delà, il importe aussi qu’elles parviennent à se réengager dans une vie active et sociale, leur permettant de se dégager d’une identité de malade et ainsi de se rétablir, en progressant vers des objectifs de vie qu’elles valorisent.

Cela requiert que ces personnes soient encouragées et soutenues dans cette démarche par leurs proches, ainsi que par les professionnels du soin et du soutien social, ce qui implique une assez profonde transformation des pratiques d’accompagnement, priorisant cette visée d’un rétablissement à travers l’engagement dans les formes de vie que ces personnes privilégient. Certaines des interventions de soutien sont spécialisées, telles que les pratiques de psychoéducation, contribuant à rendre ces personnes partenaires et actrices de leurs soins, ou les pratiques de remédiation cognitive, visant à restaurer et optimiser les capacités fonctionnelles. Plus globalement, c’est la posture même d’accompagnement qui doit être ajustée à cet objectif de promotion de l’autonomie, de restauration du pouvoir de décider et d’agir, de réappropriation de son parcours de vie.

Ce changement de regard sur les personnes vivant avec des troubles mentaux, sur leur potentiel et leurs perspectives d’évolution, est thématisé par quelques concepts fondamentaux, parmi lesquels celui de handicap psychique, qui réoriente l’attention non sur la maladie mais sur ses conséquences pratiques sur la vie quotidienne et sociale de la personne, ainsi que sur l’impact de facteurs environnementaux (parmi lesquels les préjugés sociaux stigmatisants). Nous évoquerons également la notion de rétablissement, qui définit désormais le but de l’accompagnement et oriente les façons de l’exercer. Au-delà de ces notions, nous évoquerons ce qui en amont, contribue à éclairer la genèse et l’intérêt que suscitent ces approches, en l’occurrence des valeurs et idéaux sociétaux. Nous insisterons plus encore sur ce qu’impliquent, pour ainsi dire en aval, ces notions, et la façon dont elles contribuent à une réelle transformation des pratiques d’accompagnement en santé mentale.