La problématique iatrogène en psychiatrie se voit souvent résumée à l’impact de la polypharmacie et pose le problème de connaissances plus fines des réalités pharmacologiques de classes, mais aussi propres à chaque psychotrope. Nous proposons d’aborder successivement les effets anticholinergiques, l’iatrogenèse liée aux benzodiazépines et enfin le syndrome d’arrêt ou de sevrage lié aux antidépresseurs.

Si plusieurs échelles permettent évaluer l’impact anticholinergique des traitements, celles-ci sont très souvent validées en gériatrie, sur l’abord cognitif et viennent pour l’essentiel des pays anglo-saxons et n’intègrent pas, de fait, certains médicaments français hautement anticholinergiques et très fréquemment prescrits (cyamémazine ou tropatépine principalement). Une nouvelle échelle a été élaborée et publiée récemment ; communiquer sur son usage, ainsi que sur les voies futures d’amélioration de cet outil (mise à jour et intégration d’une pondération par la posologie des traitements), permettra d’envisager l’optimisation de la prise en compte de la charge anticholinergique en pratique clinique [1].

Le mésusage en benzodiazépines est un problème majeur de santé publique, notamment en raison du risque accru d’effets indésirables et de dépendance. A ce jour, il n’existe que peu de stratégies basées sur la collaboration pharmacien-psychiatre pour prévenir ou prendre en charge les dérives liées à la prescription de ces traitements. En prévention, un dialogue entre prescripteur et pharmacien dans les situations à risque pourrait permettre d’agir conjointement pour favoriser un sevrage bien toléré. Chez les patients qui présentent un mésusage, l’évaluation par une équipe médico-pharmaceutique pourrait aider à un réajustement optimal et personnalisé de l’ensemble des traitements psychotropes prescrits [2].

Le risque de syndrome de discontinuation ou de sevrage des antidépresseurs se voit partagé par toutes les classes d’antidépresseurs. Sa prévalence s’avère difficile à cerner en lien avec l’apparition de symptomatologies de formes variées, parfois atypiques, ainsi que la co-prescription fréquente d’autres traitements psychotropes. Nous proposerons notamment deux cas originaux issus de notre pratique pouvant représenter chacun une part d’atypicité, l’un par la symptomatologie dominante (acouphènes) et l’autre par le contexte clinique spécifique (grossesse) [3].