Antidépresseurs et arrêt/sevrage : entre données de la littérature et expérience clinique - 29/05/20
Résumé |
La symptomatologie du syndrome de sevrage des antidépresseurs peut prendre des formes variées et parfois atypiques. La présence de traitements psychotropes associés rend parfois ce diagnostic difficile. Un patient de 61 ans, souffrant de trouble bipolaire ainsi que d’acouphènes chroniques depuis deux ans, est admis en hospitalisation psychiatrique pour une symptomatologie associant impulsivité, irritabilité, labilité émotionnelle et surconsommation éthylique. À son admission le traitement comporte acide valproïque et venlafaxine, sans modification de posologie depuis plusieurs mois. Le diagnostic retenu est celui d’état mixte survenant au cours de l’évolution du trouble bipolaire. Une diminution de la venlafaxine et l’introduction de la quétiapine en association avec l’acide valproïque sont décidées. Suite à l’échec de cette stratégie, la venlafaxine est arrêtée et le lithium est mis en place, en association avec l’acide valproïque. Dans les jours suivants, le patient se plaint d’une majoration franche des acouphènes qui deviennent plus intenses et prennent un caractère pulsatile. Ces phénomènes s’accompagnent de crises d’angoisse aiguës, de nausées, de vertiges, d’une irritabilité, d’une forte émotivité avec accès de larmes, alors même qu’il décrit son humeur comme neutre par ailleurs. Plusieurs hypothèses sont envisagées : modification spontanée de la symptomatologie otorhino-laryngologique, syndrome sérotoninergique, hypertension intracrânienne due au lithium, disparition d’un effet thérapeutique de la venlafaxine sur les acouphènes à l’arrêt de ce traitement, ou syndrome de sevrage de l’antidépresseur. Après avis collégial, la réintroduction de la venlafaxine à la posologie de 75 mg à libération prolongée est décidée. Cette attitude s’accompagne dans les cinq jours qui suivent d’une amélioration franche de la symptomatologie, avec retour des acouphènes à leur niveau antérieur, disparition des nausées et vertiges, amélioration des crises d’angoisse. L’amélioration permet un retour rapide au domicile.
Cette situation illustre bien la possibilité de phénomènes de sevrage aux antidépresseurs d’expression moins fréquente que l’irritabilité ou les troubles du sommeil. La difficulté diagnostique peut être majorée par la présence d’autres changements thérapeutiques concomitants.
L’intervention confrontera cette expérience clinique avec les données de la littérature concernant la fréquence du syndrome de sevrage des antidépresseurs, sa symptomatologie multiple, les stratégies de prévention et de management du syndrome.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Antidépresseur, Acouphène, Sevrage
Vol 1 - N° S
P. S96-S97 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?