Depuis la création du programme LoriCorps, programme d’interventions transdisciplinaires des troubles du comportement alimentaire (TCA) de première ligne, les demandes d’admission en augmentation constante créent un défi de taille en termes de priorisation et d’accès aux services pour les intervenants. Afin de mieux gérer l’attente pouvant s’étaler sur plusieurs années, un processus d’évaluation écologique, articulé autour du thème central de la santé à travers l’occupation, a été élaboré selon les principes d’autogestion des soins. L’implantation d’un intervenant de poche sous forme d’application mobile permet de collecter des données instantanément du milieu de vie du patient et d’offrir une rétroaction personnalisée qui favorise le développement d’habiletés spécifiques. Cet outil en complémentarité avec des rencontres de groupe éduque les individus à prendre en charge leur rétablissement. L’objectif de la présentation est de mettre en exergue l’évolution de composantes ciblées en lien avec les TCA lors du processus d’autogestion à partir de cinq objets d’intervention (symptomatologie, sensation, perception, relation et occupation). Les données auto-rapportées obtenues en échelle visuelle analogique sont traitées selon l’analyse des séries temporelles (moyenne, écart-type, étendue et moyenne des séries différenciées). Les résultats démontrent une participation active du patient relativement à sa santé mentale dès sa demande de service. De plus, des changements à l’égard de la prise en charge des symptômes des TCA sont associés à la mise en place de stratégies adaptatives pour réagir aux prises de conscience liées à la complétion de l’intervenant de poche. En plus de soutenir de façon considérable le pouvoir d’agir et l’autonomisation, l’intervention ponctuelle permet de trouver du soutien social au lieu de vivre de façon anxiogène l’attente de services et permet ainsi de mieux gérer les crises relatives aux TCA. Les résultats corroborent les écrits scientifiques relatifs à l’efficacité et l’évolution symptomatologique dans les cas de problèmes courants de santé mentale d’intensité légère à modérée, et ce dans une visée de transfert dans le réseau de la santé de première ligne en contribuant au maintien et à l’amélioration de la santé et du mieux-être des populations vulnérables.