Les benzodiazépines sont souvent prescrites de manière non conforme aux recommandations de bonne pratique, notamment chez les patients hospitalisés en service de psychiatrie. Ce mésusage est associé à un risque accru d’événements indésirables. Cette étude avait pour objectif de distinguer les traitements par benzodiazépine initiés avant (traitement prévalent) ou pendant une hospitalisation (traitement incident) pour évaluer la fréquence du mésusage et le risque d’événement indésirable.

Une étude de cohorte a inclus des patients hospitalisés en février et juin 2016 au centre hospitalier Charles-Perrens. Quatre critères de mésusage des benzodiazépines ont été définies : posologie excessive, prescription concomitante de plusieurs molécules, durée de traitement excessive et type de produit. Les associations entre d’une part le caractère prévalent ou incident du traitement par benzodiazépine et, d’autre part, le mésusage de ces médicaments et les évènements indésirables qui pourraient leur être attribués ont été évalués par des modèles de régression logistique multivariée.

Au total 454 patients hospitalisés (88,9 %) étaient utilisateurs de benzodiazépines, 270 de manière incidente et 184 prévalente. Près d’un tiers remplissaient au moins un critère de mésusage et un quart un événement indésirable sous traitement. Le fait qu’un traitement par benzodiazépine soit incident ou prévalent n’influait pas significativement sur le mésusage hormis la durée d’utilisation chez les patients avec une durée d’hospitalisation courte. Un traitement incident était alors associé à un moindre risque de traitement long (RC 0,31 [0,10 ; 0,92]). Le caractère prévalent ou incident du traitement par benzodiazépine n’était pas associé au risque d’événement indésirable sous traitement.

Le mésusage de benzodiazépines est fréquemment retrouvé chez les patients hospitalisés en psychiatrie, même lorsque ce traitement a été initié au cours de l’hospitalisation.