Les méthodes qualitatives s’intéressent à ce que les sujets disent de ce qu’ils vivent, à l’appui du recueil et de l’analyse de données verbales. Ce sont des méthodes de choix quand il est question de se centrer sur les perspectives des patients. On assiste à un essor des recherches qualitatives au sein des sciences médicales notamment en psychiatrie. L’objet de la psychiatrie - le sujet, sa parole, sa relation au monde -, son intérêt pour les faits humains complexes, et la nécessité de prendre en considération la place du clinicien dans l’observation, font des méthodes qualitatives un outil naturel pour la recherche psychiatrique. Depuis plus de 10 ans maintenant, nous œuvrons à la réflexion, la diffusion et l’utilisation des méthodes qualitatives. Nous avons développé une expertise dans l’utilisation de ces méthodes pour explorer des questions complexes autour du vécu de la maladie et des soins. Notre démarche de recherche valorise la subjectivité comme espace de construction de la réalité humaine, utilise l’intersubjectivité comme stratégie pour accéder à une connaissance valide de l’expérience humaine, et revendique la prise en compte de la vie quotidienne comme lieu permettant de comprendre la réalité humaine. Engagée dans l’évaluation des soins médicamenteux et non médicamenteux en pédopsychiatrie, nous avons formalisé les enjeux autour de l’efficacité perçue par les patients et les familles versus l’efficacité inférée par les soignants, il s’agit ainsi par la recherche qualitative de mettre en évidence les indicateurs pertinents d’efficacité des thérapeutiques du point de vue de patients et de familles, indicateurs qui sont alors supports de suivi des traitements (essais cliniques) et des parcours de soins. Ce qui est central ici c’est l’expérience et comment on peut mettre en évidence celle-ci de manière structurée et approfondie. Il apparaît alors combien la recherche qualitative permet d’enrichir la rencontre avec les patients et leurs familles. Au-delà des nouvelles compréhensions apportées par la recherche, celle-ci nourrit autrement la rencontre avec les patients et les familles, valorisant dans les échanges le déploiement d’un récit d’expérience, détaillé, fait de surprise. Par la recherche qualitative, c’est bien la pratique de la pédopsychiatrie qui se trouve renforcée, pour ne jamais renoncer à la valeur centrale de ce que les sujets disent de ce qu’ils vivent.