Les risques psychosociaux concernent environ un travailleur sur quatre en France. Parmi ces risques, la demande émotionnelle concerne tous les travailleurs exposés au public (p.ex. : patients, clients, usagers). Pour étudier les liens entre la demande émotionnelle au travail et l’usage d’alcool, un total de 10 323 hommes et 13 318 femmes inclus dans la cohorte Constances entre 2012 et 2016 et exerçant une activité professionnelle quotidiennement en contact avec du public ont évalué la fréquence avec laquelle cette exposition était stressante (souvent versus rarement). Les variables dépendantes étaient la consommation hebdomadaire d’alcool en verres standard par semaine, la fréquence des alcoolisations paroxystiques intermittentes et le risque de trouble de l’usage d’alcool mesuré avec l’AUDIT. Les odds ratios d’usage d’alcool ont été calculés par régressions logistiques multinomiales et ajustés pour les facteurs de confusion potentiels : conditions sociodémographiques, état dépressif, stress au travail et état de santé perçu. Chez les hommes, l’exposition stressante au public était associée à un risque accru d’alcoolisations paroxystiques intermittentes. Chez les femmes, l’exposition stressante au public était associée à des risques accrus de consommation hebdomadaire d’alcool et de trouble de l’usage d’alcool. En conclusion, la demande émotionnelle au travail était associée à des risques augmentés de mésusage d’alcool, chez les hommes comme chez les femmes. Les interventions visant à réduire l’intensité de la demande émotionnelle au travail devraient comporter des éléments d’information et de prévention du mésusage de l’alcool. Les travailleurs vulnérables pourraient se voir offrir des interventions plus spécifiques pour réduire leur usage d’alcool lorsqu’il existe une demande émotionnelle importante.