L’intelligence artificielle suffira-t-elle à sortir la psychiatrie de la crise - 29/05/20
Résumé |
L’intelligence artificielle (IA) a récemment montré son efficacité dans le diagnostic en Médecine, notamment dans le diagnostic des tumeurs du côlon, des tumeurs de la peau, de certains troubles ophtalmologiques, etc. avec une meilleure précision que les cliniciens. En psychiatrie, de plus en plus d’études ont exploré l’IA en analysant simultanément des données d’origine différentes, symptomatologiques, biologiques, génétiques, d’imagerie… à différentes étapes du parcours de soins, ambulatoire, services hospitaliers, réseaux de soins… Par exemple, des études ont retrouvé que le « machine learning » avait une très bonne capacité (73 %) à prédire un premier épisode psychotique sur des données d’imagerie cérébrales [1 ], notamment sur les données de textes lus par les sujets [2 ], à prédire la survenue de dépression avec une précision de 86 % à 94 % [2 ]. Elle peut prédire la survenue de comportements suicidaires avec une précision de 78 %, alors qu’elle était de 63 % pour les cliniciens seniors et 49 % pour les internes [3 ]. L’IA peut différencier schizophrénie et troubles bipolaires par IRM avec une précision de 88 %. En psychiatrie, légale, des algorithmes tels que OxMIV peuvent aider à évaluer le risque de comportements violents, à partir de données sociodémographiques, sociologiques, criminologiques avec une meilleure précision que les cliniciens [4 ]. Des logiciels d’analyse tels que SimSensei/Multisense de l’université Southern California analysent en temps réel les expressions faciales, les attitudes posturales et les caractéristiques acoustiques pouvant identifier la souffrance psychique. L’IA peut également faciliter les tâches automatisables, aider la détection de patients à risque dans un contexte de raréfaction des professionnels de santé mentale.
Cependant, l’IA a des limites, sa précision de l’IA n’atteint pas 100 %. Par exemple, dans un autre domaine, aucun acteur du « big data » n’a su deviner les deux équipes finalistes de la Coupe du monde de 2018. Elle pose aussi beaucoup de problèmes éthiques et de protection des données. Elle ne tient pas compte du potentiel de changement naturel des individus ou aidé par les professionnels. L’IA pourra probablement aider la psychiatrie à sortir de la crise économique, démographique, éthique, mais ne suffira pas à la résoudre. Elle ne pourra notamment pas remplacer les relations interhumaines ni le rapport au monde et aux autres dans lequel chaque individu peut exercer sa liberté de façon inaliénable.
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Vol 1 - N° S2
P. S71-S72 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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