L’organisation non gouvernementale Saint-Camille de Lellis a été fondée il y a plus de trente ans en Afrique de l’ouest pour prendre en charge les malades mentaux errants dans les rues. Depuis, cette ONG s’est développée de manière conséquente puisque ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui y sont soignées chaque année. Si l’idée initiale était d’offrir un toit et un repas à ces malades, l’objectif s’est progressivement orienté vers une offre de soin efficiente et de proximité. En effet, compte tenu de la carence majeure en psychiatres (10 pour 11 millions d’habitants au Bénin), l’accès aux soins n’était pas possible pour la grande majorité des patients reçus, ce qui était la principale cause de leur abandon.

Le recours à du personnel paramédical pour les soigner a alors été nécessaire. Toutefois, la formation en psychiatrie ne leur permettait pas de prendre en charge le diagnostic et le traitement de ces patients de façon autonome [1A. David. Thèse de médecine.

Cliquez ici pour aller à la section Références]. Ainsi, la question d’un savoir en psychiatrie qui puisse être rapidement assimilable, compréhensible pour le plus grand nombre, et induisant le moins d’erreur possible, s’est posée.

Le MhGAP [2fr/

Cliquez ici pour aller à la section Références] ou Mental Health Gap Action Programme est édité par l’organisation mondiale de la santé à destination des soignants locaux dans ce but. Malheureusement, sur le terrain son volume et sa complexité en font un outil peu compréhensible et dont le temps d’étude est difficilement conciliable avec une cinquantaine, parfois une centaine, de consultations quotidiennes.

Après plusieurs années de consultations conjointes avec les soignants locaux, l’association SMAO leur a proposé une fiche de recueil de symptômes ainsi qu’un manuel de psychiatrie simplifié. Le principe est d’utiliser les termes locaux afin de décrire les symptômes présentés par les patients, de simplifier les catégories diagnostiques et de n’utiliser que sept médicaments, peu coûteux et disponibles en permanence, pour les protocoles de traitement. L’expérience du terrain a également montré que des consultations conjointes avec le soignant, dans son environnement, étaient indispensables à la pérennisation des connaissances acquises.