Le manioc est une herbacée comestible consommée dans le monde sous des formes très variées. Le premier cas d’anaphylaxie alimentaire au manioc a été décrit en 2003. Nous rapportons 2 cas rares d’anaphylaxie au manioc consommé sous forme de compotes industrielles.

Le premier cas est une enfant de 12 ans suivie pour une anaphylaxie à la noix de cajou et la pistache depuis l’âge de 3 ans. Elle décrira à deux reprises un prurit buccal puis des douleurs abdominales intenses après la consommation de compotes pomme-banane puis pomme-abricot, industrielles de la même marque. Les pricks pour les compotes seront positifs, alors que les pricks pour pomme, banane et abricot seront négatifs et reconsommés sans problème. Le manioc, épaississant de ces produits, aura des pricks positifs pour la racine bouillie, la farine et le tapioca. Le second cas est celui d’une patiente de 43 ans traitée pour asthme aux acariens et anaphylaxies alimentaires connues pour le kiwi et le fruit du jacquier sans autre symptôme avec le latex ou les autres fruits du latex. Après une anaphylaxie grade III à la consommation d’une compote, le manioc est suspecté. Les pricks racine de manioc sont très positifs et responsables d’un début de réaction systémique.

Pour ces deux patientes, une électrophorèse des différentes formes de manioc a été faite, complétée d’un immunoblot mettant en évidence des IgE spécifiques dirigés contre des protéines de manioc contenues dans la racine, la farine et l’amidon de manioc.

L’allergie au manioc, rare, peut être intégrée à un syndrome latex- fruits du latex avec une sensibilisation initiale par ce fruit (cas 2) ou de novo (cas 1). Certains allergènes impliqués dans ces réactivités croisées dont rHev b5 avec le kiwi ; rHev b6 avec les bananes, les avocats, les noisettes ; rHev b7 avec les tomates et les pommes de terre. Dans ces 2 cas, l’allergène était caché avec un seuil très bas de réactivité.

Des manifestations d’anaphylaxie sont survenues lors de la consommation de compotes industrielles contenant du manioc. Cet allergène caché est responsable de réactions à faible dose. Cette allergie peut ou pas s’intégrer dans un syndrome fruits du latex-manioc.