La fluorescéine est fréquemment utilisée en ophtalmologie, ses effets indésirables sont rares mais il existe un risque de choc anaphylactique évalué à ≈0,08 % par injection IV.

Cas concernant un homme de 81 ans ayant fait un arrêt cardio-respiratoire 2min après injection IV de fluorescéine. Clinique : pas de prodrome, perte de connaissance sans mouvements tonico-cloniques associés, sans hypertonie ni vomissements. Appel du SAMU, à son arrivée pas de ventilation spontanée, arrêt respiratoire nécessitant un massage cardiaque externe. Lors du transport vers l’hôpital, injection de 0,5mg/h de noradrénaline puis intubation et remplissage par Ringer lactate, NaCl et gélofusine. À l’arrivée aux urgences : patient inconscient, hypotendu à 85mmHg de systolique, tachycarde à 115bpm et désaturation. Transfert en réanimation, l’hémodynamie revient à la normale. Amélioration en quelques jours.

Tryptasémie prélevée à 1h de l’apparition des signes cliniques : 174μg/L ; à 2h : 131μg/L ; à 24h : 12μg/ml. Dégranulation mastocytaire en faveur d’une réaction d’hypersensibilité immédiate.

Pas de consultation allergologique ni de tests cutanés mais imputabilité évidente. À l’heure actuelle, 52 cas d’anaphylaxie à la fluorescéine IV dont 3 décès sont publiés. L’incidence des chocs à la fluorescéine en IV est rare (0,08 %) et n’est pas déterminée pour les chocs aux collyres qui sont rarissimes (3 cas publiés). L’alternative proposée aux ophtalmologues est le vert d’indocyanine pour lequel l’effet indésirable grave décrit le plus souvent est l’hypotension (0,05 %), qui pourrait parfois relever de l’anaphylaxie. Les incidences des réactions allergiques aux autres principaux colorants responsables d’anaphylaxie en IV (tous grades) sont : Bleu patenté V 0,9 %, Bleu isosulfan 0,8 %. Les structures des bleus diffèrent mais des sensibilisations aux deux colorants chez un même patient ont été rapportées.

Malgré leur faible fréquence, il faut avoir connaissance de l’existence de chocs anaphylactiques dus à la fluorescéine. Son importante utilisation dans les cabinets d’ophtalmologie expose à un risque d’anaphylaxie dont les utilisateurs doivent être informés pour être aptes à agir dans l’urgence.