Lésions cutanéomuqueuses causées par des Papillomavirus humains (PVH) sous fingolimod : une série de 14 cas - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Le fingolimod (Fg) est un immunosuppresseur utilisé pour le traitement de la forme récurrente rémittente de sclérose en plaques (SEP), disponible en France depuis 2012. En 2018, des infections causées par des papillomavirus humains (PVH) ont été rapportées sous Fg. Le but de cette étude est de décrire une série de cas de patients présentant des lésions cutanéomuqueuses causées par PVH survenues sous Fg, en particulier le type de lésions liées à PVH, le typage PVH si réalisé et la prise en charge.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude descriptive, rétrospective sur une cohorte de patients atteints de SEP développant sous Fg des lésions cutanéomuqueuses liées à PVH. Nous avons collecté des données sur l’histoire de leur maladie neurologique, sur l’aspect clinique et thérapeutique de la maladie à PVH, sur le taux de lymphocytes au moment de l’apparition des lésions, et sur l’évolution de la SEP après le diagnostic de la pathologie à PVH.
Résultats |
Nous rapportons 14 patients (9 femmes), âgés de 37 ans en médiane (IQR : 32–40) au moment du diagnostic du PVH, sous Fg depuis 3 ans en médiane (IQR : 1,5–5), avec une SEP évoluant depuis 13,5 ans (IQR : 11–16). Huit patientes (54 %) présentaient des dysplasies cervicales, dont 4 de bas grade (LSIL) et 4 de haut grade (HSIL), 6 patients (43 %) présentaient des condylomes acuminés, dont 4 au niveau génital et 2 anal, et 3 (21 %) présentaient des verrues vulgaires. Des PVH à risque oncogène élevé ont été retrouvés chez 2 patientes avec HSIL. Le taux de lymphocytes médian au moment du diagnostic des lésions était de 422/mm3 (IQR : 340–559). Le Fg a dû être arrêté chez 4 patients devant les échecs de traitement local des lésions (cryothérapie, acide salicylique, imiquimod, laser, électrocoagulation). Six patients ont été vaccinés contre le PVH par vaccin quadrivalent sans poussée de la SEP.
Conclusion |
L’infection à PVH chez les patients traités par Fg, sans doute favorisée par la lymphopénie induite par le Fg, est une problématique peu connue et très probablement sous-estimée, d’évolution chronique avec un impact important sur la qualité de vie des patients et des complications potentiellement sévères, pouvant entraîner des cancers gynécologiques ou ORL. Le traitement de ces lésions peut être compliqué, pouvant nécessiter l’arrêt du Fg, parfois à l’origine de poussées de SEP. Un examen dermatologique et gynécologique est recommandé avant la mise en route du traitement par Fg, et la vaccination anti-PVH doit être discutée au cas par cas. La prévention et le dépistage systématique des lésions liées à PVH chez des patients atteints de SEP rémittente sous fingolimod sont essentiels pour éviter la survenue de lésions cancéreuses.
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Vol 50 - N° 6S
P. S136 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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