Immunité varicelle des femmes enceintes d’un hôpital général - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Nous sommes confrontés à des alertes de contage de la varicelle chez la femme enceinte dans notre hôpital, nécessitant une réactivité importante pour l’administration éventuelle d’Immunoglobulines (Ig) en urgence. La notion de varicelle dans l’enfance est souvent difficile à retrouver (patiente peu francophone, précarité de suivi médical). La varicelle est une maladie fréquente de l’enfance, en France>90 % de la population est immunisée avant 10 ans. Ces données sont moins connues dans les pays à revenu plus faible et l’acquisition de la maladie semble plus tardive dans les régions tropicales.
Matériels et méthodes |
Une sérologie varicelle IgG (CLIA, Diasorin) a été proposée systématiquement au cours d’une consultation de suivi de grossesse à la maternité de notre hôpital pendant 1 mois. Les données médicales et socioéconomiques ont été recueillies et saisies anonymement, ainsi que le statut sérologique vis-à-vis du virus : immunisé, non immunisé ou douteux. Une analyse statistique simple observationnelle et une recherche des facteurs de risque par Chi2 a été réalisée.
Résultats |
Sur les 124 femmes, âgées de 30 ans en moyenne ayant bénéficié de la sérologie varicelle, 92 % d’entre elles sont immunisées (n=114). Parmi les 8 % restantes, 5 patientes ont un résultat négatif et 5 un résultat douteux. Pour la suite de l’analyse nous considérons les résultats douteux comme négatifs (ils auraient été considérés comme tel en cas de contage et aurait indiqué la prescription d’Ig). Trois quart des patientes ne sont pas nées en France, et y sont depuis 6 ans en moyenne (écart-type ET±6 ans), 19 % (n=23) des patientes sont non francophones. Il n’existe aucune prise en charge de sécurité sociale ou uniquement une aide médicale d’État pour 22 % (n=27) des patientes. La sérologie varicelle a été réalisée à 28 SA en moyenne (ET±9 SA). Et le tiers (33 % soit n=41) sont primipares. En analyse univariée ni le fait d’être née à l’étranger, ni la précarité sociale, ni la barrière de langue n’étaient liés à la non-immunité. Par contre, le fait d’être primipare était lié à un manque d’immunité contre la varicelle (17 % n=7/41 versus 3,6 % n=3/83), de même que l’âge (moyenne d’âge chez les non immunisées 26 ans versus 31 ans chez les immunisées, avec p=0,024). En regardant par origine géographique, les patientes ayant passé leur enfance en région tropicale (Asie et Afrique subsaharienne) avaient plus de risque d’être non immunisées pour la varicelle (15,6 % 5/32 versus 5,4 % 5/92, avec p=0,07).
Conclusion |
Malgré la forte proportion de patientes ayant passé leur enfance à l’étranger, la prévalence de patientes immunisées contre la varicelle dans notre maternité semble comparable aux données épidémiologiques françaises. Cependant, dans une population particulière de migrantes originaires de zone tropicale, le risque est probablement plus élevé et nécessite une prise en charge spécifique avec interrogatoire adapté, prescription d’une sérologie et vaccination proposée en post-partum. Cette étude pilote va permettre un travail plus approfondi et un changement de pratique dans notre maternité pour prévenir les varicelles rares mais gravissimes pendant la grossesse.
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Vol 50 - N° 6S
P. S140 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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