Profil d’effets indésirables du pyrazinamide en traitement de la tuberculose chez le sujet âgé de plus de 75 ans - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
La tolérance du pyrazinamide pour le traitement de la tuberculose chez les patients de plus de 75 ans est controversée. Notre objectif était d’évaluer la fréquence, la gravité et les facteurs de risque d’événements indésirables (EI) chez des sujets âgés traités pour une tuberculose avec ou sans pyrazinamide.
Matériels et méthodes |
Étude monocentrique rétrospective dans un centre hospitalier universitaire français, incluant des patients âgés de plus de 75 ans traités pour une tuberculose active entre 2008 et 2018. La fréquence, le type, la gravité, l’imputabilité des EI du traitement antituberculeux étaient comparés entre les patients traités avec ou sans pyrazinamide. Les facteurs de risque d’EI ont été recherchés en analyses univariée et multivariée par régression logistique binaire.
Résultats |
Parmi les 110 patients inclus, 54 (49,1 %) ont reçu du pyrazinamide (groupe 1) et 56 (50,9 %) ont reçu un schéma sans pyrazinamide (groupe 2). Les groupes étaient comparables sur la gravité, le nombre et les types de localisations de la tuberculose. Comparés au groupe 1, les patients du groupe 2 étaient plus âgés (patients de plus de 85 ans : 26/56 [46,4 %] contre 13/54 [24 %], p=0,025), moins autonomes (ADL de Katz médian : 5,0 contre 6,0, p=0,049), bénéficiaient plus souvent d’une évaluation gériatrique (28/56 [50 %] contre 16/54 [29,6 %], p=0,029), d’un traitement antituberculeux d’épreuve (37/56 [66,1 %] contre 23/54 [42,6 %], p=0,013), et avaient des transaminases plus élevées à l’initiation du traitement (TGO médianes : 29 contre 23 UI/mL, p=0,028 ; TGP médianes : 21 contre 17 UI/mL, p=0,044). Des EI du traitement antituberculeux sont survenus chez 31 patients/54 (57,4 %) du groupe 1 et 14/56 (25 %) du groupe 2 (p=0,0017). Il y avait significativement plus de troubles digestifs (12/54 [22,2 %] contre 3/56 [5,4 %], p=0,01) et d’insuffisances rénales aiguës (5/54 [9,3 %] contre 0/56 [0 %], p=0,026) sous traitement dans le groupe 1, ainsi qu’une tendance à plus d’hépatotoxicités (10/54 [18,5 %] contre 7/56 [12,5 %], p=0,38) et d’allergies (8/54 [14,8 %] contre 2/56 [3,6 %], p=0,05). Des EI du pyrazinamide sont survenus chez 22/54 (40,7 %) des sujets exposés, conduisant à son arrêt chez 14 patients/22 (63,6 %). Des EI certainement ou potentiellement liés à l’éthambutol sont survenus chez 13/44 (31,7 %) des sujets exposés du groupe 1 et 3/52 (5,4 %) du groupe 2 (p=0,0025). Les EI graves étaient significativement plus fréquents dans le groupe 1 (13/54 [24,1 %] contre 5/56 [8,9 %], p=0,03). Trois décès potentiellement liés à des EI sont survenus dans le groupe 1 et aucun dans le groupe 2. L’utilisation de pyrazinamide (odds ratio : 4,5, IC95 : 1,7–12, p=0,003) et le diabète (odds ratio : 3,5, IC95 : 1,06–11,6, p=0,04) ressortaient comme facteurs de risque indépendants d’EI du traitement antituberculeux en analyse multivariée. Aucun facteur prédictif d’EI lié au pyrazinamide n’a été identifié.
Conclusion |
Chez des sujets français âgés de plus de 75 ans, l’utilisation du pyrazinamide était associée à des EI plus fréquents du traitement antituberculeux et de l’éthambutol, et sa toxicité n’était pas prévisible.
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Vol 50 - N° 6S
P. S147 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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