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La lèpre comme syndrome inflammatoire de reconstitution immune chez les patients infectés par le VIH - 22/08/20

Doi : 10.1016/j.medmal.2020.06.413 
A. Mouchard, P. Couppié, J. Graille, R. Blaizot, C. Bertin
 Centre hospitalier de Cayenne, Cayenne, Guyane française 

Résumé

Introduction

Dans notre département la lèpre est une maladie ré-émergente considérée comme un problème de santé publique, avec un taux d’incidence annuel en augmentation (1 cas/10 000 habitants de 2007 à 2013). La prévalence du VIH y est aussi très élevée touchant 1 % de la population. L’incidence de la lèpre chez ces patients infectés par le VIH est 18 fois plus importante dans les 3 mois suivants l’introduction des antirétroviraux (ARV) que chez les patients non traités. La lèpre peut ainsi se présenter en tant que syndrome inflammatoire de reconstitution immune (IRIS). Cet IRIS est défini par l’apparition chez un patient infecté par le VIH profondément immunodéprimé (CD4<200/mm3), d’une lèpre et/ou d’un état réactionnel de type 1 ou 2 développés dans les 6 mois suivant l’introduction des ARV, associés aux critères classiques d’un IRIS (baisse de la charge virale>1log et augmentation des CD4).

Matériels et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective de 1999 à 2019 étudiant tous les patients VIH ayant développé une lèpre dans les 6 mois suivant l’instauration des ARV. Le diagnostic reposait sur la clinique, et l’examen anatomopathologique (biopsie cutanée, suc dermique auriculaire ou frottis nasal). Les caractéristiques cliniques, biologiques, histologiques et l’efficacité du traitement anti-lépreux ont été recueillies.

Résultats

Six patients de sexe masculin âgés de 24 à 54 ans (42 ans en moyenne) ont été inclus. Ils étaient très immunodéprimés avec en moyenne 63 CD4/mm3 (5–130) et une charge virale moyenne à 97 300 copies/mL (8300–297 000). Il n’y avait jamais de lésions cliniques évocatrices de lèpre avant l’introduction des ARV. Les lésions de lèpre étaient découvertes en moyenne 10 semaines (1–24 semaines) après introduction des ARV. Les CD4 étaient alors à 180/mm3 en moyenne (50–278) et la charge virale à 10 350 copies/mL (50–60 000). Le nombre de lésions était supérieur à 4 dans 2/3 des cas (4/6). Elles étaient toujours infiltrées mais de sémiologie polymorphe avec association de plaques, papules et nodules et un aspect hyperpigmenté et érythémateux dans 3 cas (3 non renseignés). L’hypoesthésie était décrite dans 4 cas (2 non renseignés). Quatre patients étaient classés cliniquement comme forme borderline et 2 comme forme tuberculoïde. La moitié (3/6, 50 %) présentaient au diagnostic un état réactionnel de type 1 avec hypertrophie nerveuse douloureuse. Histologiquement étaient décrit des granulomes épithélioïdes gigantocellulaires sans nécrose caséeuse dans 3 cas (3/6, 50 %) et des BAAR dans 4 cas (4/6, 67 %). Au cours du traitement antibiotique, 2 patients ont présenté un état réactionnel de type 1 et 2 autres une ulcération lésionnelle. L’évolution sous traitement a été ensuite favorable pour 5/6 patients (1 perdu de vue).

Conclusion

Bien que rare, la survenue d’une lèpre en tant qu’IRIS chez les patients VIH sous ARV doit être évoquée systématiquement y compris devant des lésions cutanées atypiques chez les patients originaires de zones d’endémie lépreuse.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 50 - N° 6S

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