La fièvre Q est une pathologie négligée. La présence de Coxiella burnetii a été documentée à La Réunion avec une séropositivité chez les ruminants (13,4 % chez les chèvres) et une séroprévalence humaine pondérée à 6,81 % (IC entre 4,0 % et 9,6 %). Cependant, peu de données cliniques sont disponibles sur la présentation des cas et l’épidémiologie de la fièvre Q aiguë. Le but de cette étude était de rapporter les données cliniques et d’incidence autour de la fièvre Q aiguë à La Réunion entre 2004 et 2017.

Les cas de cette étude de cohorte rétrospective ont été inclus à partir des bases de données informatiques des quatre hôpitaux de l’île à partir des termes « C. burnetii » et « fièvre Q ». L’inclusion s’est basée sur une sérologie C. burnetii positive (IgG phase II supérieure à 200 et IgM phase II supérieure à 50) ou une séroconversion ou une PCR à C. burnetii sur échantillon sanguin ou sérum des patients hospitalisés. Les données ont été traitées en accord avec le protocole MR-004 de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) après consentement éclairé des patients et données anonymisées.

Quarante-deux patients ont été inclus sur 145 patients identifiés. L’incidence cumulée a été estimée à 9,3 pour 100 000 habitants (IC95 % : 6,4–12,1) avec des cas diagnostiqués chaque année durant la période étudiée sauf en 2006. Les cas signalés étaient plus nombreux durant l’hiver austral. Quatre-vingt-dix pour cent des cas étaient localisés dans le sud (n=38) de l’île. Vingt-neuf patients étaient des hommes (69,0 %). L’âge moyen était de 49,5 ans. Une exposition avérée à des ruminants était mentionnée avec proximité d’une ferme dans 16,7 % (n=7) ou au sein du voisinage 26,2 % (n=11). La présentation clinique la plus fréquente était l’atteinte pulmonaire (n=26 avec 45,2 % de pneumopathie) puis digestive (n=11) et cardiaque (endocardite n=2).

La fièvre Q est présente sous forme endémique à La Réunion et notamment dans les régions d’élevage. Ces données confortent les données préalablement établies de séroprévalence humaine et de séropositivité à C. burnetii dans les élevages réunionnais. La présentation pulmonaire reste la plus fréquente lors de l’épisode aigu (comme en Guyane malgré une présentation épidémiologique différente) mais il ne faut pas méconnaître une possible atteinte cardiaque dès la primo-infection à C. burnetii.