La surveillance nationale de la consommation hospitalière d’antibiotiques permet le recueil et l’analyse des données par spécialité clinique (outil ConsoRes). Cela permet des comparaisons entre même types de services : médecine, chirurgie, réanimation, gynécologie, soins de longue durée (SLD), soins de suite et rééducation (SSR), psychiatrie. Afin de mieux cibler les actions de bon usage des antibiotiques, notre objectif est ici de décrire l’usage des antibiotiques à large spectre (ALS) par spécialité clinique.

Tous les antibiotiques systémiques (classe J01 de la classification Anatomical Therapeutic Chemical de l’OMS, ATC-DDD system, 2019) ont été surveillés. Les consommations d’antibiotiques (C-ATB) exprimées en nombre de Doses Définies Journalières pour 1000 journées d’hospitalisation (DDJ/1000 JH) ont été recueillies pour 3812 services de 1630 établissements de santé (ES) volontaires pour l’année 2018. La proportion d’ALS consommés (glycopeptides [GP], céphalosporines de 3^e et 4^e génération, monobactames, carbapénèmes [CBP], fluoroquinolones [FQ], polymyxines, piperacilline–tazobactam, linézolide [L], tédizolide [T] et daptomycine [D]) au sein de la consommation globale d’antibiotiques, indicateur proposé par l’ECDC, était calculé pour chaque service.

La C-ATB totale variait entre 42 DDJ/1000 JH en psychiatrie et 1199 en réanimation. De même, l’indicateur ECDC variait selon les services : 11 % en psychiatrie (n=275) ; 12 % en gynécologie (n=367) ; 25 % en SLD (n=367) ; 33 % en chirurgie (n=632) et en SSR (n=1064) ; 35 % en médecine (n=785) et 50 % en réanimation (n=220). Parmi les ALS, la ceftriaxone seule correspondait à 41 % en SLD versus 8 % en réanimation à 26 % en gynécologie. La proportion en FQ variait de 15 % en réanimation à 74 % en psychiatrie ; les CBP représentaient moins de 2 % en psychiatrie et gynécologie, 5 % en chirurgie et médecine, et 13 % (dont 40 % de méropénème) en réanimation. Les antibiotiques anti-staphylocoques résistant à la méticilline (GP, L, T et D) représentaient 16 et 17 % des ALS prescrits en chirurgie et en réanimation.

La consommation globale et la proportion d’ALS apportent des informations complémentaires renseignant sur la pression de sélection. De plus, une description détaillée de l’usage des ALS apporte des informations utiles afin de mieux cibler les actions correctives à mener (c.-à-d. sur les FQ en psychiatrie). Surveiller à l’échelle des services permet de mieux adapter les recommandations et les actions de bon usage des antibiotiques et d’évaluer l’impact d’actions ciblées sur certaines spécialités cliniques. Cela permet aussi des comparaisons plus pertinentes qu’à l’échelle des hôpitaux.