Impact d’un centre régional de conseil en antibiothérapie sur les prescriptions en médecine générale - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
En 2016, suite à la création du Centre régional de conseil en antibiothérapie (CRCA), une ligne téléphonique d’avis infectiologique (AI) a été ouverte aux médecins, exerçant à l’hôpital ou en libéral. Après 3 ans d’existence, l’objectif était de mesurer l’impact du CRCA sur les prescriptions d’antibiotiques (ATB) en médecine générale et d’étudier la population des médecins généralistes (MG) appelants.
Matériels et méthodes |
Étude prospective observationnelle d’avril à juillet 2019. Inclusion de tous les avis thérapeutiques (ttt) émanant d’un MG. Comparaison du traitement envisagé par le MG et de celui proposé par l’infectiologue. Critère de jugement principal : réduction de la pression de sélection ATB (arrêt d’un ATB, absence d’initiation d’un ATB ou traitement différé, réduction de durée ou du spectre ATB ou des molécules critiques particulièrement génératrices de résistance). Critères secondaires : amélioration globale du bon usage des ATB, réduction de la consommation. Envoi d’un questionnaire au MG à j7 (données démographiques, modalités d’exercice, satisfaction vis-à-vis du dispositif).
Résultats |
Durant la période d’étude, 783 appels ont été reçus, 176 émanant de MG pour des avis ttt, dont 122 inclus. L’âge moyen des patients était de 51,4 ans (± 23,3), le sex-ratio de 1,2. Six patients (4,9 %) résidaient en EHPAD. Les sites infectieux les plus fréquents étaient urinaire (49/122, 40,2 %), cutané (28/122, 23,0 %), et génital (11/122, 9,0 %). Avant avis infectieux (AI), les MG auraient prescrit ou maintenu un ATB pour 73 patients (71,6 %) et ne pouvaient se prononcer pour 20 cas (16,4 %). Suite à l’AI, l’ATB était arrêté, non instauré ou différé 18 fois (17,6 %) et un ATB de spectre plus étroit était instauré 16 fois (15,7 %). La réduction absolue de la pression de sélection ATB était de −30,4 % (IC95 % : −40,4 % ; −20,3 %, p<10−3). La consommation ATB brute était réduite de 15,7 % (IC : 7,4 %–24,9 %). L’AI conduisait à une amélioration du bon usage des ATB pour 64,8 % des avis (IC95 % : 55,6 % ; 73,2 %) : 48,1 % pour l’indication, 41,8 % sur la molécule et 5,1 % sur la posologie et sur la durée. Le taux de réponse au questionnaire à j7 était de 69/122 (56,6 %). La population des MG répondeurs, comparativement à la population régionale de MG, était plutôt jeune (55 % âgées de moins de 35 ans), à prédominance féminine (sex-ratio : 0,54). Le volume moyen de consultations se situait entre 21 et 25 consultations par jour (49 %) et le mode d’exercice principal était le cabinet médical de groupe (29/69, 43 %). Selon les données du ROSP, les MG étudiés semblaient prescrire moins d’ATB que la moyenne pour les adultes hors ALD (85 %, 23/27) et 25,7 % (7/27) d’entre eux étaient sous l’objectif. Il s’agissait pour 70 % d’appelants réguliers du CRCA. Les réponses des infectiologues étaient jugées très majoritairement pertinentes et 97,1 % des avis avaient été suivis.
Conclusion |
Il s’agit de la première étude prospective en médecine générale montrant une réduction significative de la pression de sélection ATB grâce au conseil en infectiologie. Une amélioration du bon usage des ATB et une réduction de consommation ATB étaient également retrouvées. Ces résultats légitiment le conseil donné par les infectiologues du CRCA.
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Vol 50 - N° 6S
P. S58 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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