Patients en unités COVID et usage des antibiotiques : a posteriori, en a-t-on trop fait ? - 22/08/20
Résumé |
Introduction |
Notre hôpital de soins tertiaires, d’environ 550 lits, est situé dans une zone considérée à forte circulation du Sars-Cov-2. La création de trois unités COVID (39 lits) a permis l’hospitalisation d’environ 300 patients (19 en surveillance continue (USC) et 288 en hospitalisation conventionnelle). Les gaz médicaux et les antibiotiques (ATB) y ont constitué les premiers postes de dépenses en médicaments, avec respectivement 6598 € et 8107 € HT. Notre objectif a été d’analyser a posteriori l’usage des ATB en unités COVID au regard des recommandations du Haut Conseil de Santé Publique (HCSP) du 06/06/2020.
Matériels et méthodes |
Les lignes d’ATB prescrites dans le dossier patient informatisé (DPI) entre le 01/02 et le 04/06/20, ont été analysées sur Excel. Les comorbidités et signes de gravité, décrits par le HCSP, ont été recueillis à partir de la synthèse médicale d’entrée et de la pancarte quotidienne du DPI, sans connaissance de la prescription médicale.
Résultats |
Cent quatorze patients ont reçu un ATB, soit 37 % des patients en unités conventionnelles et 58 % des patients en USC. L’antibiothérapie empirique initiale était : amoxicilline-acide clavulanique (A-AC) [n=34] ; C3G+macrolide (M) [n=28] ; A-AC+M [n=22] ; C3G [n=8] ; C3G+doxycycline [n=4] ; A-AC+doxycycline [n=4] ; autres [n=21]. Le recours à la doxycycline est essentiellement retrouvé chez les patients sous hydroxychloroquine en remplacement du macrolide. La durée moyenne d’exposition aux ATB était de 7jours [±4jours]. Parmi ces 114 patients, 32 présentaient des comorbidités et ont été essentiellement traités par A-AC [n=12], A-AC+M [n=9], ou par C3G+M [n=6]. Trente-trois patients présentaient au moins un signe de gravité et ont été traités par C3G+M [n=11] ; A-AC [n=6], A-AC+M [n=5]. Trente et un patients présentaient au moins une comorbidité et un signe de gravité. Ils ont été traités par A-AC [n=9] ; C3G+M [n=8] ou A-AC+M [n=5]. Dix-huit patients sous ATB ne présentaient ni comorbidité ni critères de gravité. Parmi eux, 6 patients présentaient un foyer bactérien (pulmonaire, digestif ou urinaire) objectivé ; 4 présentaient une pneumopathie interstitielle bilatérale, pour laquelle une antibiothérapie était recommandée par notre centre expert régional ; 1 patient de 17 ans était à risque d’immunodépression, traité par adalimumab.
Conclusion |
Considérant les comorbidités et signes de gravité décrits dans l’avis du HCSP, ainsi que les étiologies bactériennes objectivées, 90 % des patients ayant reçu un ATB en unité COVID étaient éligibles à l’instauration d’une antibiothérapie selon l’avis du HCSP. Conformément aux recommandations, les prescripteurs ont davantage instauré de l’A-AC chez les patients avec comorbidités, et l’association C3G+M en cas de signe de gravité. Le suivi de ces patients par des infectiologues ou médecins en service d’infectiologie a permis un usage raisonné et un choix pertinent des ATB.
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Vol 50 - N° 6S
P. S93 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.