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Intérêt des antibiotiques au cours de la COVID-19 - 22/08/20

Doi : 10.1016/j.medmal.2020.06.188 
F. Moretto, T. Sixt, M. Abdallahoui, H. Devilliers, P. Chavanet, F. Catherine, L. Piroth
 CHU de Dijon, Dijon, France 

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Résumé

Introduction

La COVID-19 est une infection virale pouvant se manifester par un syndrome grippal bénin, une pneumonie voire un syndrome de détresse respiratoire aiguë justifiant une hospitalisation. Actuellement, les surinfections bactériennes semblent peu fréquentes. L’intérêt d’une prescription systématique d’antibiotiques dans cette éventualité est donc en question. Nous avons donc comparé nos patients hospitalisés pour une COVID-19 ayant bénéficié ou non bénéficié d’une antibiothérapie.

Matériels et méthodes

Nous avons inclus de façon rétrospective tous les patients hospitalisés de notre service de maladies infectieuses pour une COVID-19 confirmée par PCR entre le 26 février et le 30 avril 2020. Les patients admis via un service de réanimation ou de soins intensifs étaient exclus. Les données cliniques, biologiques, radiologiques, l’évolution clinique ainsi que la prescription éventuelle d’antibiotiques ont été recueillies via le dossier médical informatique pour chaque patient. Une comparaison entre les patients ayant reçu ou non une antibiothérapie a été réalisée.

Résultats

Sur les 222 patients inclus, 174 (78 %) ont bénéficié d’une antibiothérapie. L’amoxicilline–acide clavulanique représentait 55 % (95 patients) des prescriptions, suivie par les C3G (25 patients, 30 %). La pipéracilline–tazobactam ne représentait que 5 % (9 patients) des antibiotiques de première ligne. Aucune co-infection bactérienne n’a été documentée. Les patients ayant eu des antibiotiques étaient significativement plus âgés (71,5 vs 65,3 ans, p=0,026) et 144 patients sous antibiotique (83 %) avaient au moins un facteur de risque de COVID-19 grave (vs 32 patients [67 %], p=0,015), notamment une maladie cardiovasculaire (111 patients [64 %] vs 22 patients [46 %], p=0,025). Cliniquement, les patients ayant bénéficié d’une antibiothérapie avaient plus de fièvre (143 patients [82 %] vs 26 patients [54 %], p<0,001) et de dyspnée (118 patients [68 %] vs 19 patients [40 %], p<0,001). Le score NEWS2 était significativement plus élevé à j0 chez les patients avec antibiotiques (6 vs 2, p<0,001). Biologiquement, les patients ayant eu des antibiotiques avaient une CRP significativement plus élevée (94mg/L vs 29mg/L, p<0,001). Enfin, les patients avec antibiotiques avaient une atteinte significativement plus grave au scanner (p=0,014). Concernant le devenir des patients, les patients ayant eu des antibiotiques avaient une évolution significativement plus défavorable (60 patients [34 %] vs 4 patients [8 %], p<0,001).

Conclusion

Les patients ayant bénéficié d’une antibiothérapie étaient plus âgés, plus à risque de forme grave comme le témoigne le score NEWS2 et avaient plus de comorbidités. Cela explique probablement la prescription d’antibiotiques afin de ne pas méconnaître une surinfection bactérienne chez ces patients graves et fragiles. L’évolution était cependant plus défavorable que sans antibiotiques, ce qui est probablement expliqué par la sévérité initiale plus importante de ces patients.

Au vu de ces résultats et de l’absence de co-infection documentée, l’antibiothérapie ne semble pas avoir d’intérêt au cours de la CoVID-19, comme l’indique les dernières recommandations du haut conseil de la santé publique. Des études cliniques supplémentaires sont nécessaires pour évaluer l’impact d’une antibiothérapie.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


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Vol 50 - N° 6S

P. S93 - septembre 2020 Retour au numéro
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