AML, l'Association pour le maintien du lien psychique en soins intensifs forme depuis plus d’une trentaine d’années de jeunes psychologues, psychothérapeutes ou psychanalystes et promeut leur insertion dans les unités de réanimation qui n’ont pas, faute de budget, de poste dédié aux soins psychologiques, l’urgence et la priorité étant exclusivement réservés aux soins du corps. S’il s’agit d’offrir des paroles et une écoute aux malades dans le coma, à leur réveil et de soutenir leurs proches, accompagner les soignants en soins intensifs est aussi ce que l’Association soutient. La formation et la supervision de ces cliniciens dont la posture n’est pas toujours évidente, sont indispensables.

Ce travail souhaite décrire les premiers pas de l’immersion d’une psychothérapeute en formation dans ce lieu effractant où la technique et l’urgence ne considèrent que peu les symptômes des affects.

L’écoute subjective basée sur les théories de la psychanalyse selon Bion, Winnicott ou Roussillon demande une présence ni tout à fait dans le groupe, ni tout à fait hors du groupe, suscitant pour la chercheuse une errance peu habituelle dans un lieu où le travail d’équipe est essentiel.

Les résultats les plus importants concernant cette approche ont pu être recueillis. Si le sentiment d’avoir été écoutés et le soulagement éprouvé par la compréhension de ce qui leur arrivait dans cet univers très technicisé a pu être recueilli auprès des patients et leurs proches, une meilleure communication entre soignants et proches, entre patients et proches, dans les moments de grande angoisse ou de sidération a également pu être constaté. Permettre que la parole circule à nouveau et permettre également par la littérature et l’écriture une expérience subjective du soin psychique auprès des soignants ont été les moteurs de cette immersion.

Les principales conclusions qui en découlent montrent l’utilité du soin psychique dans un univers où le corps est non seulement prioritaire mais quasi-exclusif dans les soins. Il est aussi démontré qu’une écoute menée par un psychothérapeute formée à l’univers des soins intensifs est une nécessité.

AML, the Association pour le maintien du lien psychique en soins intensifs (“Association for the Continuity of Psychic Bonds in Intensive Care”), has been training young psychologists, psychotherapists, or psychoanalysts for more than thirty years and promotes their insertion in intensive care units which, due to a lack of budget, do not have a post dedicated to psychological care – priority being exclusively reserved for the care of the body. AML trainees, in addition to offering words and listening to patients in coma or upon their awakening and supporting their loved ones, are also called upon to accompany the intensive care workers. The training and supervision of these clinicians, whose posture is not always obvious, is essential.

This work aims to describe the first steps of the immersion of a training psychotherapist in this disorienting place where technique and urgency mean that little account is taken of the symptoms of affects.

Subjective listening, based on psychoanalytic theories of Bion, Winnicott, or Roussillon, requires a presence that is neither entirely inside nor entirely outside the group, causing the researcher to wander in an uncommon way in a place where teamwork is essential.

The most important results concerning this approach were collected. If patients and their relatives expressed a feeling of having been heard and a sense of relief felt by the understanding of what was happening to them in this highly technical universe, a better communication between caregivers and relatives, between patients and relatives, in moments of great anxiety or astonishment could also be observed. Allowing words to circulate again and also offering medical staff a subjective experience of psychological care, through literature and writing, were the driving forces behind this immersion.

The main conclusions reached demonstrate the value of psychological care in a world where the body is not only a priority but the exclusive object of care. It is also revealed that the listening ear of a psychotherapist trained in the world of intensive care is a necessity.