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Le syndrome psycholinguistique traumatique (SPLIT) - 12/09/20

Traumatic Psycholinguistic Syndrome (SPLIT)

Doi : 10.1016/j.evopsy.2020.05.002 
Yann Auxéméry a, b,  : Psychiatre des hôpitaux, Frédérique Gayraud c : Professeur des universités
a Centre Hospitalier de Jury-les-Metz, hôpital de jour–centre de réhabilitation pour adultes, 12, rue des Treize, 57070 Metz, France 
b Université de Lorraine, EA 4360 APEMAC « Adaptation, mesure et évaluation en santé. Approches interdisciplinaires » - Équipe EPSAM, Metz, France 
c laboratoire dynamique du Langage, UMR 5596, CNRS et Université Lyon-II, Lyon, France 

Auteur correspondant.
Sous presse. Épreuves corrigées par l'auteur. Disponible en ligne depuis le Saturday 12 September 2020
Cet article a été publié dans un numéro de la revue, cliquez ici pour y accéder

Résumé

Objectif

Dans deux récents articles, nous avons défini la notion de syndrome psycholinguistique post-traumatique à partir de l’étude standardisée du discours de patients blessés psychiques. Cette nouveauté séméiologique basée sur les apports de la linguistique à la psychiatrie, nourrit pour ambition de dépasser les impasses diagnostiques et thérapeutiques auxquelles se confrontent encore trop de personnes psychotraumatisées. Soit parce que les souffrances post-traumatiques sont tues, du fait-même de leurs caractéristiques cliniques, conséquences de l’indicibilité structurelle du traumatisme psychique. Soit encore parce que le système de soins ou certains réseaux de praticiens se heurtent à des conceptions infranchissables. La psychopathologie classique, les sciences cognitives et les neurosciences ont fait progresser les théories, mais nous nécessitons plus que jamais des connaissances utiles à la pratique de terrain. Afin de dépasser les concepts antérieurs, il est temps de proposer un nouveau modèle afin de mieux : (i) repérer les personnes souffrant de troubles psychiques post-traumatiques, (ii) organiser et évaluer leurs soins psychothérapeutiques, (iii) rassembler les praticiens autour de ces deux premiers objectifs. L’évolution des idées arrive à un tournant où il s’avère possible de nous réunir autour d’un modèle original embrassant les précédents, modèle basé sur des références linguistiques et psycholinguistiques lesquelles sont, globalement, inconnues des psychologues comme des psychiatres. Admettons qu’il reste difficile de s’ouvrir à nombre notions psycholinguistiques apparaissant ésotériques. Cependant, l’analyse et la production du langage lient les soignants et les personnes en détresse psychique. Cela apparaît d’autant plus paradigmatique pour l’espace du trauma, marqué d’indicibilité, ce qu’il faudra dépasser par la psychothérapie. À deux voix coordonnées, psycholinguistique et psychiatrique, nous présentons dans ce travail les résultats de nos ultimes réflexions concernant le syndrome récemment baptisé « syndrome psycholinguistique traumatique » (SPLIT). Aussi, en même temps qu’il éclaire les symptômes psychotraumatiques, le modèle que nous proposons offre de vulgariser différentes composantes de la linguistique : lexicologie, syntactique et pragmatique.

Méthodes

Nous avons mené une étude exploratoire qualitative du discours de militaires français souffrant de trouble de stress post-traumatique. L’enquêteur suivait une trame d’entretien semi-directif s’appuyant sur des questions ouvertes avec incitation à la relance de l’expression, trame focalisée pour l’abord de différents thèmes : la « reconnaissance » du trouble dans ses multiples aspects (médical, institutionnel, symbolique, etc.), sa « réparation » (selon la terminologie juridique de réparation du dommage corporel et psychique), et l’« information » apportée par la société sur ledit trouble. Tous les militaires sollicités ont accepté de participer à l’étude ; la saturation des données a été obtenue avec la réalisation de quinze entretiens retranscrits manuellement dans un logiciel de traitement de texte (corpus de 76 762 mots pour 351 453 caractères espaces non compris). Centrée sur les notions sociétales de « reconnaissance » et de « réparation », une première analyse a fait l’objet de publications selon des interprétations quantitatives puis phénoménologiques qualitatives. Mais surtout, il est apparu un résultat inattendu : le discours des personnes blessées psychiques témoigne, intrinsèquement, autant sur le fond que sur la forme, du syndrome de répétition traumatique. Nous avons alors décrit le « syndrome psycholinguistique post-traumatique » à partir de trois axiomes : l’anomie traumatique, les répétitions linguistiques et la désorganisation discursive. Pour limiter les approximations inhérentes à l’approche logicielle, nous avons repris le corpus sus-cité grâce à une analyse manuelle exhaustive, mot à mot, syntagme à syntagme, proposition par proposition, puis phrase à phrase. Nous présentons ci-après nos premières représentations des manifestations symptomatiques du trauma dans le discours.

Résultats

Les résultats sont présentés avec une modélisation heuristique suivant les échelles de la construction du langage à partir des « briques », construisant des « colonnes », jusqu’au « temple inachevé » : le mot ouvre à l’analyse lexicale, la phrase invite à l’approche syntaxique et, le discours intéresse des considérations pragmatiques. Pour chacune de ces trois dimensions nous présentons : (i) une brève définition de la science les considérant, (ii) leurs perturbations chez les sujets blessés psychiques, (iii) des exemples cliniques, (iv) une brève discussion. Marques lexicales du trauma : anomie, dysfluence, thématique émotionnelle. L’anomie traumatique se manifeste à l’échelle lexicale par l’impossibilité à dire le trauma au moyen de mots qui pourraient l’évoquer. La verbosité, c’est-à-dire le nombre de mots et de propositions, apparaît inférieure au langage commun, de même qu’en témoigne une densité lexicale abaissée, c’est-à-dire un affaissement du ratio du nombre des mots lexicaux sur celui des mots grammaticaux. Les modifieurs tels les adjectifs épithètes et les compléments du nom sont rares. Les circonlocutions, périphrases, comparaisons et antiphrases sont surreprésentées. Des dysfluences lexicales s’expriment par des pauses silencieuses et remplies, des allongements vocaliques, des répétitions de déterminants devant un nom, de pronoms devant un verbe et d’adverbes devant un adjectif. Cette dimension peut prendre l’aspect caricatural de production de bribes de mots ou de syntagmes, voire d’un piétinement arrêté aux mots grammaticaux, ce qui signe une perturbation de l’accès lexical. Sur le plan thématique, l’expression sensorielle et émotionnelle apparaît beaucoup plus développée que la verbalisation des cognitions. Marques syntaxiques du trauma : répétition, fragmentation, forme passive. L’analyse syntagmatique et phrastique met en évidence des répétitions linguistiques à plusieurs niveaux. Le présent de narration historique est employé au détriment des autres temps. La répétition des énoncés, surtout syntagmatiques, s’impose telle une persévération. Ainsi, une fragmentation se constitue de dysfluences matérialisées par des pauses, silencieuses ou remplies, interrompant les énonciations en dehors, et en sus, des frontières syntaxiques naturelles. Quand bien même des énoncés incomplets (encore appelés faux-départs) persistent, certaines amorces peuvent être complétées ou réparées mais, la fluence continue de la parole reste perturbée de bribes et d’accidents. De surcroît, apparaît un recours aux formes passives et l’emploi de participiales gérondives et infinitives, structures éclipsant l’expression de l’agent. Marques pragmatiques du trauma : désorganisation et dépersonnalisation. La désorganisation se manifeste par une baisse de la cohésion discursive comme en témoigne le traitement des anaphores par distanciation du pronom anaphorique de son antécédent, et la présence de nombreuses références anaphoriques ambiguës. Notons également la baisse d’efficience d’emploi des connecteurs temporels et logiques. Aussi, les digressions sont nombreuses, perturbant le suivi chronologique des événements décrits. La dépersonnalisation se manifeste par un sous-emploi des pronoms de première personne (je, on) comparativement aux pronoms impersonnels à valeur générique (on, tu et vous). La fréquence d’utilisation des pronoms de troisième personne singulier (il, elle, ça, machin, truc, quelque chose, quelqu’un, etc.) est majorée.

Discussion

Le syndrome psycholinguistique traumatique s’avère le pendant verbal des symptômes séméiologiques cardinaux du trauma. L’anomie témoigne de l’instant indicible contemporain de l’effroi et persistant, les répétitions linguistiques renvoient aux reviviscences, les perturbations discursives correspondent à la dissociation du langage. Les capacités d’évocation verbale sont encore contraintes par l’évitement et le parasitage psychique créé des ecmnésies. La prééminence des formes indéfinies et impersonnelles renvoie à la dépersonnalisation et même, à la désubjectivation. Notons la surreprésentation des modalisations négatives, des formes infinitives et des constructions passives rendant compte de la contrainte du sujet sous le joug de l’éprouver traumatique, comme s’il restait l’objet du trauma et des reviviscences sans possibilité d’y intervenir. Symptôme de la déréalisation, le présent reste suremployé, telle l’est la reviviscence à l’instant, toujours en train de survenir à l’identique… au détriment de l’avenir. Si le SPLIT exprime la clinique classique du trauma, cette rubrique n’est pas strictement superposable à la nosographie américaine. Notre mise en évidence des empreintes psycholinguistiques du trauma référencées dans le SPLIT enrichit les descriptions cliniques existantes afin d’aider au repérage diagnostique. Mais ces signes permettraient-ils à eux-seuls de différencier les conséquences psychotraumatiques d’autres cadres anatomocliniques ? Jusqu’à présent, pour l’espace des troubles psychiques, seule la schizophrénie possède dans le DSM un critère diagnostique langagier, spécificité probablement historique puisque les troubles du langage ont été considérés fondamentaux dans les descriptions séméiologiques originelles des maladies du groupe des schizophrénies. Les troubles du langage identifiés chez les sujets souffrant de syndrome de répétition traumatique ou de schizophrénie sont assez différents même s’ils présentent, en apparence tout du moins, des dimensions semblables. Cela corrobore les divergences étiopathogéniques de ces deux cadres pathogéniques : atteinte neurobiologique primaire pour la schizophrénie, trouble davantage réactionnel pour le syndrome de répétition traumatique. Cela rend aussi compte des impasses habituelles de la séméiologie psychiatrique et peut-être, encore plus difficilement franchissable, de la transcription de la perception humaine considérant divers objets (choses du monde, signes médicaux, attitude et parole d’autrui, etc.). Rümke et Minkowski (1942, 1949) avaient les premiers reconnu la pose du diagnostic psychiatrique comme intuition rapide envisageant d’emblée le contexte clinique global du patient, impression très difficile à traduire en termes séméiologiques. Comme l’avaient pressenti les premiers cliniciens phénoménologues avant que plusieurs études scientifiques ne valident cette intuition, la précocité quasi instantanée de certains diagnostics psychiatriques entraîne, secondairement, la qualification de symptômes concordants. Ce que l’on appelle diagnostic clinique en psychiatrie n’est souvent qu’une tautologie en ce sens où ce diagnostic ne renvoie à rien d’autre qu’à lui-même, et non pas à un sens qui donnerait une valeur étiopathogénique. Quelles que soient leurs origines étiopathogéniques et leurs caractéristiques séméiologiques, certaines marques psycholinguistiques semblent se retrouver via diverses expressions pathologiques tels les troubles thymiques, les aphasies non fluentes (de type Broca), ou encore les atteintes démentielles (maladie d’Alzheimer surtout). Plus judicieuse que l’approche catégorielle, l’analyse dimensionnelle transnosographique, du normal ou pathologique, pourrait être privilégiée afin d'identifier les processus cognitifs responsables des perturbations langagières.

Conclusion

L’analyse psycholinguistique ouvre un champ d’investigation considérable pour l’espace de la psychotraumatologie. Si l’on postule le phénomène linguistique comme surfacier et rendant compte de processus cognitifs préalables, l’expression des anomalies langagières nous permettrait de remonter aux mécanismes neurocognitifs normaux ou pathologiques. Nous avons décrit le SPLIT à partir de l’identification de signes cliniques nouveaux visant à mieux repérer les troubles psychiques post-traumatiques et aussi, à proposer des linguo-marqueurs permettant d’évaluer les effets des psychothérapies recommandées en conditions réelles. Mais, à l’instar de ce que nous avons observé eu égard à certaines théories antérieures, il convient de prendre garde à ce qu’une modélisation innovante ne vienne pas constituer une expression du symptôme, de la dissociation. En effet, le noyau traumatique apparaît se protéger lui-même, s’insinuant jusque dans les méthodes et systèmes ayant l’ambition de l’explorer, de le circonscrire. La nouvelle entité clinique baptisée SPLIT témoigne d’un changement paradigmatique de notre conception du traumatisme psychique qui mériterait à être explicitée grâce aux espaces sémantiques. C’est une autre histoire que nous raconterons bientôt.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

Objectives

In two recent articles, we defined the notion of post-traumatic psycholinguistic syndrome from the standardized study of the speech of psychically wounded patients. This semiological novelty, based on the contributions of linguistics to psychiatry, fosters the ambition to overcome the diagnostic and therapeutic dead ends that too many psychotraumatized people still face. Either because this post-traumatic suffering is silenced, by the very fact of its clinical characteristics – a consequence of the structural indisputability of the psychological trauma – or because the healthcare system or certain networks of practitioners come up against impassable conceptions. Classical psychopathology, cognitive science, and neuroscience improve theories, but we also require knowledge useful for field practice. In order to go beyond the previous concepts, it is time to propose a new model in order to better : (i) identify people suffering from post-traumatic mental disorder, (ii) organize and evaluate their psychotherapeutic care, (iii) bring together practitioners around these first two objectives. The development of ideas is reaching a turning point where it becomes possible to unite around an original model embracing the precedents, a model based on linguistic and psycholinguistic references which are, on the whole, unknown to psychologists and psychiatrists alike. Admittedly, many psycholinguistic notions appear esoteric and therefore unapproachable. However, the analysis and production of language bind caregivers and people in mental distress. This appears all the more paradigmatic for the space of trauma, marked by unspeakability, which must be overcome by psychotherapy. In two coordinated voices, psycholinguistic and psychiatric, we present in this work the results of our final reflections on the syndrome recently called “Traumatic PsychoLinguistic Syndrome” (SPLIT for ‘Syndrome PsychoLinguistique Traumatique’ in French). Moreover, as it sheds light on psychotraumatic symptoms, the model that we propose might help to popularize different components of linguistics : lexicology, syntax, and pragmatics.

Methods

We carried out a qualitative exploratory study of the speech of French soldiers suffering from post-traumatic stress disorder. The investigator followed a semi-structured interview framework based on open questions with encouragement to relaunch the expression, a focused framework for the approach of different themes : the “recognition” of the disorder in its multiple aspects (medical, institutional, symbolic, etc.), its “reparation” (according to the legal terminology of compensation for bodily and psychological damage), and the “information” provided by society on the disorder. All solicited veterans agreed to participate in the study; data saturation was obtained by carrying out fifteen interviews transcribed manually in word processing software (corpus of 76,762 words for 351,453 characters, spaces not included). Centered on the societal notions of “recognition” and “reparation,” a first analysis was the subject of publications according to quantitative and then qualitative phenomenological interpretations. But above all, an unexpected result has emerged: the speech of psychically wounded people is intrinsic evidence, both in substance and in form, of the traumatic repetition syndrome. We then described the “post-Traumatic PsychoLinguistic Syndrome” characterized by three axioms: traumatic anomia, linguistic repetitions, and discursive disorganization. In order to limit the approximations inherent in the software approach, we performed an exhaustive manual analysis of the above-mentioned corpus, word by word, phrase by phrase, proposition by proposition, then sentence by sentence. In what follows, we present our first representations of the symptomatic manifestations of trauma in speech.

Results

The results are presented using a heuristic model following the components of language construction from “bricks,” building “columns,” to the “unfinished temple:” the word opens up to lexical analysis, the sentence invites to the syntactic approach, and the discourse interests pragmatic considerations. For each of these three dimensions we present: (i) a brief definition of the related scientific concepts, (ii) their disturbances in psychically injured subjects, (iii) clinical examples, (iv) a brief discussion. Lexical marks of trauma: anomia, dysfluencies, emotional theme. Traumatic anomia manifests itself at the lexical level by the inability to express the trauma in words that could evoke it. Verbosity, that is to say the number of words and clauses, appears inferior to common language, as is evidenced by a lower lexical density, e.g. a drop in the ratio of the number of lexical words over that of grammatical words. Modifiers such as epithet adjectives and noun complements are rare. Circumlocutions, periphrases, comparisons, and antiphrases are over-represented. Lexical dysfluencies are expressed by silent and filled pauses, vocalic lengthenings, repetitions of determinants in front of a noun, of pronouns in front of a verb, and of adverbs in front of an adjective. This dimension can take on the caricatured aspect of producing snippets of words or phrases, or even of an obstinate stopping on grammatical words, which indicates a disruption of lexical access. Thematically, sensory and emotional expression appears to be much more developed than the verbalization of cognitions. Syntactic marks of trauma: repetition, fragmentation, passive form. The phrase and sentence analysis highlights linguistic repetitions on several levels. The historical present is used to the detriment of other verbal tenses. The repetition of utterances, especially syntagmatic, is an indicator of perseveration. Thus, dysfluencies characterized by silent or filled pauses located at non-natural syntactic boundaries result in fragmented speech. Even though incomplete utterances (also called false starts) persist, some primers can be completed or repaired, but the continuous flow of speech is disturbed by snatches and accidents. In addition, passive forms and the use of gerund and infinitive participial clauses are used, which are structures eclipsing the expression of the agent (who performs the action expressed by the verb). Pragmatic marks of trauma: disorganization and depersonalization. The disorganization of discourse is reflected by a decrease in discursive cohesion as evidenced by the processing of anaphors by distancing the anaphoric pronoun from its antecedent, and the presence of numerous ambiguous anaphoric references. Note also the decrease in the efficiency of the use of temporal and logical connectors. There are also many digressions, disrupting the chronological progression of the events described. Depersonalization is characterized by an underuse of first-person pronouns (I, one) compared to generic-valued impersonal pronouns (one, you). The frequency of use of third-person singular pronouns as well as semantically empty words (he, she, that, thing, something, someone, etc.) is increased.

Discussion

Traumatic psycholinguistic syndrome turns out to be the verbal counterpart to the cardinal semiological symptoms of trauma. The anomia reflects the unspeakable contemporary moment of fear, and persistent linguistic repetitions refer to flashbacks, while discursive disturbances correspond to the dissociation of language. The capacities of verbal expression are constrained by the avoidance; the psychic interference creates ecmnesias. The preeminence of indefinite and impersonal forms points to depersonalization and even to desubjectivation. We can also note the overrepresentation of negative, infinitive forms and of passive constructions reflecting the subject constrained by the experience of trauma, as if he remained the object of traumatic flashbacks, without the possibility of action. The present tense is overused, as a symptom of derealization, related to the recurrent memories of the traumatic event, always repeating identically…. to the detriment of the future. If SPLIT expresses the classic understanding of trauma, this section cannot be strictly superimposed on the American nosography. Our identification of the psycholinguistic footprints of trauma referenced in SPLIT enriches the existing clinical descriptions in order to help with diagnostic identification. However, would these signs alone make it possible to differentiate the psychotraumatic consequences from other anatomoclinical profiles? So far, in the field of psychological disorders, only schizophrenia has a linguistic diagnostic criterion in the DSM, a specificity that is probably historical since language disorders were considered fundamental in the original semiological descriptions of diseases in the schizophrenia group. The language disorders identified in subjects suffering from traumatic repetition syndrome or schizophrenia are quite different even if they present similar dimensions – at least in appearance. This corroborates the etiopathogenic divergences of these two pathogenic frameworks: primary neurobiological impairment for schizophrenia, more reactive disorder for traumatic repetition syndrome. It also accounts for the usual dead ends of psychiatric semiology and perhaps, even more difficult to overcome, for the transcription of human perception considering various objects (things of the world, medical signs, attitude and the words of others, etc.). Rümke and Minkowski (1942, 1949) were the first to recognize the establishment of a psychiatric diagnosis as a rapid intuition, which immediately embraces the overall clinical context of the patient, an impression that is very difficult to translate into semiological terms. As the first phenomenological clinicians had foreseen before several scientific studies validated this intuition, the almost instantaneous precocity of certain psychiatric diagnoses leads to the qualification of concordant symptoms. What is called clinical diagnosis in psychiatry is often only a tautology in the sense that this diagnosis refers to nothing but itself, and not to a meaning that would provide an etiopathogenic value. Whatever their etiopathogenic origins and their semiological characteristics, certain psycholinguistic markers seem to be found in various pathological expressions such as mood disorders, non-fluent aphasias (of the Broca type), or even dementia (especially Alzheimer's disease). More judicious than the categorical approach, the transnosographic dimensional analysis, of the normal or the pathological, could be favored in order to cross the borders of semiology towards the analysis of cognitive processes responsible for language disturbances.

Conclusions

Psycholinguistic analysis opens up a considerable field of investigation in the realm of psychotraumatology. If we postulate the linguistic phenomenon as a surface phenomenon accounting for prior cognitive processes, the expression of language abnormalities would allow us to go back to normal or pathological neurocognitive mechanisms. We have described SPLIT based on the identification of new clinical signs, aimed at better identifying post-traumatic mental disorders and also at proposing linguo-markers allowing the effects of recommended psychotherapies to be evaluated in real conditions. But, as already mentioned for previous theories, care should be taken to ensure that innovative modeling does not constitute an expression of the symptom, of dissociation. Indeed, the traumatic nucleus appears to protect itself, insinuating itself even into methods and systems that have the ambition to explore it, to circumscribe it. The new clinical entity called SPLIT represents a paradigmatic change in our conception of psychic trauma, called by semantics. This is another story we will tell soon.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Traumatisme psychique, Syndrome psycholinguistique traumatique, Trouble de stress post-traumatique, Schizophrénie, Nosographie, Émotion, Analyse du Langage, Lexicologie, Syntaxe, Pragmatique

Keywords : Psychic trauma, Traumatic psycholinguistic syndrome, Post-traumatic stress disorder, Schizophrenia, Nosography, Emotions, Language Analysis, Lexicology, Syntax, Pragmatics


Plan


 Toute référence à cet article doit porter mention : Auxéméry Y, Gayraud F. Le Syndrome Psycholinguistique Traumatique (SPLIT). Evol psychiatr  2020; 85(4) : pages (pour la version papier) ou URL [date de consultation] (pour la version électronique).


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