Alors qu’en France, la possession et la consommation de cannabis est une infraction pénale, la législation espagnole autorise la consommation et la culture privée du cannabis. Même si certains produits pharmaceutiques à base de cannabis ont une autorisation de mise sur le marché dans les deux pays, seuls les patients en Espagne y ont accès. Malgré ces différentes législations, les patients atteints de maladies chroniques utilisent le cannabis sous différentes formes, naturelle, transformée, autorisée ou non, à des fins thérapeutiques.

Les objectifs de cette étude sont :

– d’identifier les caractéristiques des patients atteints de sclérose en plaques (SEP) qui utilisent déjà le cannabis pour des objectifs thérapeutiques ;

– d’évaluer l’effet du cannabis sur les symptômes de la SEP perçus par les patients ;

– de comparer les résultats entre les deux pays ayant des législations différentes : France et Espagne.

Un questionnaire en ligne de 31 questions a été proposé, entre avril et juillet 2019, aux patients adultes (≥18 ans) atteints de SEP, vivant en Espagne ou en France, inscrits sur Carenity.com, une plateforme de patients en ligne permettant de générer des données en vie réelle. Un modèle logistique sera utilisé pour identifier les facteurs associés à l’utilisation thérapeutique du cannabis. Pour évaluer l’effet du cannabis thérapeutique sur les symptômes de la SEP, nous allons utiliser des modèles de régression linéaire ou logistique pour chacun des domaines évalués : troubles du sommeil, spasticité, troubles de la sensibilité, fatigue, troubles de la marche, niveau de douleur. À travers ces analyses nous allons comparer les produits naturels aux produits pharmaceutiques à base de cannabis, en ajustant pour la fréquence d’utilisation du cannabis, le type de SEP et sa sévérité, et d’autres facteurs potentiels (sexe, âge, antériorité du diagnostic de SEP). L’effet pays sera pris en compte dans toutes les analyses comme un facteur de stratification ou d’ajustement.

Un total de 641 patients atteints de SEP ont répondu à l’enquête, 70 % vivent en France et 30 % en Espagne. Les participants ont une moyenne d’âge de 47 ans, une antériorité moyenne de diagnostic de 12 ans et 73 % sont des femmes. Respectivement 23 % et 20 % des répondants français et espagnols ont consommé du cannabis à des fins thérapeutiques. Ils en consomment depuis 3,6 ans en moyenne, 70 % quotidiennement, 18 % hebdomadairement et 12 % occasionnellement. Les produits naturels (herbe séchée ou résine) (47 %) et les produits à base de cannabidiol (45 %) sont les types de cannabis les plus couramment utilisés par les patients atteints de SEP, suivis par un traitement à base de cannabis (13 %). Les patients commencent à utiliser le cannabis principalement pour soulager la douleur (64 %), traiter la spasticité (62 %) et les troubles du sommeil (48 %). Près de trois quarts (74 %) des patients considèrent que la douleur liée à la SEP a diminué grâce au cannabis, 76 % décrivent un effet positif du cannabis sur la spasticité, 76 % sur les troubles du sommeil et 60 % sur les troubles de la sensibilité. Les analyses de modélisation sont en cours de réalisation et seront présentées à la conférence.

Indépendamment des restrictions du cannabis liées à la législation du pays, le niveau d’utilisation et la perception de l’efficacité sont similaires. Dans ce contexte, il est essentiel d’aider les patients à obtenir des produits de qualité contrôlée et de les accompagner dans leur utilisation pour la gestion des symptômes.