La classification non supervisée des données en vie réelle d’une communauté en ligne de patients permet l’identification de profils de patients lupiques concernant leurs préférences thérapeutiques - 15/09/20
Résumé |
Introduction |
Le lupus est le prototype d’une maladie auto-immune complexe chronique. Le taux de non-observance au traitement est étonnamment élevé et nuit à sa prise en charge. L’adhésion au traitement médicamenteux est un phénomène multifactoriel, influencé par les caractéristiques du traitement [1 ]. Dans le cadre de cette étude, des méthodes de classification non supervisée ont été utilisées afin d’identifier des profils de patients lupiques concernant leurs préférences thérapeutiques.
Méthodes |
Une enquête en ligne auprès des patients adultes atteints de lupus, provenant de la plateforme Carenity, a été menée entre août 2018 et avril 2019. En dehors des caractéristiques des patients et de leurs traitements actuels, l’enquête cherchait à identifier les préférences en termes de galénique et les caractéristiques du traitement priorisées (hors efficacité) parmi les 10 items suivants : moins d’effets secondaires, compatible avec une grossesse, mieux toléré à long terme, coût moins élevé pour la société, lieu d’administration qui me convient plus, facilité de prise, nécessite moins de suivi médical, moins de risques d’infection, permet de diminuer la dose de corticoïdes, permet de diminuer le temps d’administration du traitement. L’analyse des correspondances multiples (ACM) d’un ensemble de données sur les patients français atteints de lupus a été utilisée avec trois méthodes de classification non supervisées (classification ascendante hiérarchique, kmeans et partitionnement autour de médoïdes).
Résultats |
Les 268 patients atteints de lupus étaient principalement des femmes (96 %), avec un âge moyen de 44,3 ans et 83 % remplissaient les critères de diagnostic du lupus systémique de l’« American College of Rheumatology ». Dans l’ensemble, la forme galénique préférée était orale (62 %) et le moindre risque d’effets secondaires était la caractéristique privilégiée (32 %). Une ACM a été réalisée à l’aide de huit variables de profil et la meilleure méthode de classification non supervisée pour cet ensemble de données (classification hiérarchique ascendante) a identifié trois groupes. Le groupe 1, le principal (59 %), comprenait des patients avec peu de comorbidités, moins de capacité à identifier les poussées à venir, et qui souhaitaient principalement (84 %) des traitements oraux avec des effets secondaires limités, la plupart (83 %) étant déjà sous traitements oraux. Le groupe 2, le plus petit (13 %), comprenait des patients plus jeunes, ayant déjà participé à des essais cliniques, favorisant les implants et la compatibilité des traitements avec la grossesse. Le groupe 3 (28 %) comprenait des patients qui avaient une durée de lupus plus longue mais une maladie moins contrôlée avec plus de comorbidités. Un tiers avait des traitements injectables et les patients de ce groupe voulaient principalement des implants ou des injections et favorisaient la possibilité de réduire les corticoïdes. La robustesse de ces résultats a été confirmée par des analyses de sensibilité ainsi qu’une validation externe.
Conclusion |
Les patients lupiques préféraient une galénique favorisant la conservation de leur autonomie. Les profils identifiés pourraient aider les médecins à adapter leur proposition thérapeutique en tenant compte des préférences des patients et ainsi à maximiser l’observance thérapeutique [2 ]. Notre étude met également en évidence le potentiel d’utilisation de méthodes de classification non supervisée en combinaison avec des données provenant directement des patients via leurs communauté en ligne pour fournir de nouvelles connaissances dans le domaine des maladies chroniques rares et complexes.
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Vol 68 - N° S2
P. S90-S91 - septembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.