Bien que leur efficacité soit démontrée en oncologie, le recours aux sels de platine reste limité par le risque de survenue d’une insuffisance rénale aiguë (IRA). Un rôle potentiel de la caféine dans cette physiopathologie a été suggéré, notamment par le biais de ses effets hémodynamiques.

Il s’agit d’une étude monocentrique prospective ayant inclus 108 patients atteints de néoplasie thoracique et devant bénéficier d’une première ligne de chimiothérapie par sels de platine, entre janvier 2017 et décembre 2018. Une évaluation précise de leur consommation de caféine était réalisée à l’inclusion à partir d’un auto-questionnaire validé.

L’association entre la consommation de caféine et le risque de survenue d’une IRA aux sels de platine a été estimée par un modèle de Cox cause-spécifique, ajusté sur les principaux facteurs de confusion connus (fonction rénale initiale, albuminémie, nature et dose du sel de platine, exposition tabagique et Performans Status).

La population incluse est majoritairement composée d’hommes (65 %), d’âge moyen 61,7 ans, particulièrement exposés au tabac (80 %). Trente-quatre patients (31,5 %) ont présenté une IRA (67 % de grade 1) et 47 patients (43,5 %) sont décédés au cours du suivi, en médiane de 6,2 mois [3,4 ; 8,4]. L’épisode d’IRA est survenu en médiane à 70,5jours [22,3 ; 125,25].

Dans le groupe de patients à forte consommation de caféine (≥386mg/j), le risque de survenue d’une IRA est multiplié par deux (HR=2,12 [1,01 ; 4,45]) après ajustement. L’incidence cumulée d’IRA (prenant en compte le risque compétitif de décès) est également significativement augmentée dans le groupe à forte consommation de caféine (p=0,03, Fig. 1).

Dans une population de patients atteints de néoplasie thoracique, une forte consommation chronique de caféine apparaît associée à un sur-risque de survenue d’IRA aux sels de platine.