L’insuffisance rénale aiguë (IRA) constitue un des critères majeurs de gravité du paludisme selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle est cependant une complication rare de cette maladie mais qui engage rapidement le pronostic vital.

Il s’agit d’une description de 2 cas.

Nous rapportons 2 observations de paludisme grave compliqué d’insuffisance rénale aiguë (IRA), chez des adultes ayant eu un séjour en Afrique subsaharienne et négligeant la chimioprophylaxie. L’IRA est définie selon les critères de la classification Kidney Disease Improving Global Outcomes (KDIGO).

Il s’agissait de deux hommes de 29 ans et 67 ans qui n’ont pas d’antécédents pathologiques notables. Le tableau clinique était un paludisme dans sa forme grave hémoglobinurique associé à une IRA chez les 2 malades. L’IRA était associée à un neuropaludisme dans un cas. La parasitémie était respectivement à 10 % et 15 %. Le délai d’apparition de l’IRA était retardé de 5 et 10jours après le début de l’accès palustre. L’anurie était présente chez les 2 malades. L’augmentation de la créatininémie était supérieure à 3 fois la normale (115mg/L et 130mg/L), imposant le recours à l’hémodialyse chez les 2 malades, classés ainsi au stade III de la classification KDIGO. Chez les 2 malades, l’anémie, la thrombopénie, la cytolyse hépatique et l’hyperbiluribinémie étaient présentes et la goutte épaisse révélait la présence de P. falciparum. Un traitement à base d’artésunate a été introduit chez les patients pendant 7jours avec un contrôle parasitaire négatif. L’évolution était favorable chez deux malades avec normalisation de la fonction rénale.

L’âge, le retard au traitement et une forte parasitémie sont des éléments fortement associés à la survenue de l’insuffisance rénale au cours du paludisme. Son pronostic dépend de la précocité du traitement, mais reste incertain avec une mortalité non négligeable malgré l’épuration extrarénale.